Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouces ; queue, vingt-trois lignes, un peu fourchue, dépasse les ailes de dix à onze lignes ; pieds, sept lignes et demie ; doigt du milieu, neuf lignes. Ces oiseaux ont une vésicule du fiel, un gésier musculeux, doublé d’une membrane sans adhérence, et un jabot assez considérable.

Quelques-uns prétendent qu’il y a des verdiers de trois grandeurs différentes ; mais cela n’est point constaté par des observations assez exactes, et il est vraisemblable que ces différences de taille ne sont qu’accidentelles et dépendent de l’âge, de la nourriture, du climat, ou d’autres circonstances du même genre.


LE PAPE[1]

Cet oiseau[NdÉ 1] doit son nom aux couleurs de son plumage, et surtout à une espèce de camail d’un bleu violet qui prend à la base du bec, s’étend jusqu’au-dessous des yeux, couvre les parties supérieures et latérales de la tête et du cou, et, dans quelques individus, revient sous la gorge ; il a le devant du cou, tout le dessous du corps, et même les couvertures supérieures de la queue et le croupion d’un beau rouge presque de feu ; le dos varié de vert tendre et d’olivâtre obscur[2] ; les grandes pennes des ailes et de la queue d’un brun rougeâtre ; les grandes couvertures des ailes vertes ; les petites d’un bleu violet comme le camail. Mais il faut plusieurs années à la nature pour former un si beau plumage ; il n’est parfait qu’à la troisième ; les jeunes papes sont tous bruns la première année ; dans la seconde ils ont la tête d’un bleu vif, le reste du corps d’un bleu verdâtre, et les pennes des ailes et de la queue brunes, bordées de bleu verdâtre.

Mais c’est surtout par la femelle que cette espèce tient à celle du verdier ; elle a le dessus du corps d’un vert terne, et tout le dessous d’un vert jaunâtre ; les grandes pennes des ailes brunes, bordées finement de vert ; les moyennes, ainsi que les pennes de la queue, mi-parties dans leur longueur, de brun et de vert.

Ces oiseaux nichent à la Caroline sur les orangers, et n’y restent point l’hiver : ils ont cela de commun avec les veuves qu’il muent deux fois l’année, et que leurs mues avancent ou retardent suivant les circonstances ; quelquefois ils prennent leur habit d’hiver dès la fin d’août ou

  1. « Passer supernè viridis ad flavum inclinans, infernè ruber ; capite et collo superiore cæruleo-violaceis ; uropygio rubro ; rectricibus fuscis, binis intermediis in utroque latere, et lateralibus exteriùs ad rubrum vergentibus… » Chloris Ludoviciana, vulgò papa dicta, le verdier de la Louisiane, dit vulgairement le pape. Brisson, t. III, p. 200. — Le chiltototl de Seba, t. Ier, pl. 87, ne ressemble ni au pape, ni à sa femelle, ni à leurs petits.
  2. L’individu décrit par Catesby avait le dos vert terminé de jaune, p. 44.
  1. Emberiza ciris L. [Note de Wikisource : actuellement Passerina ciris Linnæus, vulgairement passerin nonpareil ou plus communément pape de Louisiane ; c’est un Cardinalidé].