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prend souvent avec les petits ; dans tout autre cas, elle est très défiante. Le mâle paraît prendre beaucoup d’intérêt à tout ce qui regarde la famille future : il se lient sur les œufs alternativement avec la femelle, et souvent on le voit se jouer autour de l’arbre où est le nid, décrire en voltigeant plusieurs cercles dont ce nid est le centre, s’élever par petits bonds, puis retomber, comme sur lui-même, en battant des ailes avec des mouvements et un ramage fort gai[1] ; lorsqu’il arrive ou qu’il s’en retourne, c’est-à-dire au temps de ses deux passages, il fait entendre un cri fort singulier, composé de deux sons, et qui a pu lui faire donner en allemand plusieurs noms, dont la racine commune signifie une sonnette : on prétend, au reste, que le chant de cet oiseau se perfectionne dans les métis qui résultent de son union avec le serin.

Les verdiers sont doux et faciles à apprivoiser ; ils apprennent à prononcer quelques mots, et aucun autre oiseau ne se façonne plus aisément à la manœuvre de la galère ; ils s’accoutument à manger sur le doigt, à revenir à la voix de leur maître, et ils se mêlent en automne avec d’autres espèces pour parcourir les campagnes : pendant l’hiver, ils vivent de baies de genièvre ; ils pincent les boutons des arbres, entre autres ceux du marsaule : l’été ils se nourrissent de toutes sortes de graines, mais ils semblent préférer le chènevis. Ils mangent aussi des chenilles, des fourmis, des sauterelles, etc.

Le seul nom de verdier indique assez que le vert est la couleur dominante du plumage, mais ce n’est point un vert pur, il est ombré de gris brun sur la partie supérieure du corps et sur les flancs, et il est mêlé de jaune sur la gorge et la poitrine : le jaune domine sur le haut du ventre, les couvertures inférieures de la queue et des ailes et sur le croupion ; il borde la partie antérieure et les plus grandes pennes de l’aile, et encore les pennes latérales de la queue. Toutes ces pennes sont noirâtres et la plupart bordées de blanc à l’intérieur : le bas-ventre est de cette dernière couleur, et les pieds d’un brun rougeâtre.

La femelle a plus de brun, son ventre est presque entièrement blanc, et les couvertures inférieures de la queue sont mêlées de blanc, de brun et de jaune.

Le bec est couleur de chair, de forme conique, fait comme celui du gros-bec, mais plus petit ; ses bords supérieurs sont légèrement échancrés près de la pointe et reçoivent les bords du bec inférieurs qui sont un peu rentrants ; l’oiseau pèse un peu plus d’une once, et sa grosseur est à peu près celle de notre moineau-franc.

Longueur totale, cinq pouces et demi ; bec, six lignes et demie ; vol, neuf

  1. On les garde en cage parce qu’ils chantent plaisamment. Belon, Nature des oiseaux, p. 366. M. Guys ajoute que le ramage de la femelle est encore plus intéressant que celui du mâle, ce qui serait très remarquable parmi les oiseaux.