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VARIÉTÉS DE LA GRIVE PROPREMENT DITE

I.La grive blanche.

Elle n’en diffère que par la blancheur de son plumage : on attribue communément cette blancheur à l’influence des climats du Nord, quoiqu’elle puisse être produite par des causes particulières sous les climats les plus tempérés, comme nous l’avons vu dans l’histoire du corbeau. Au reste, cette couleur n’est ni pure ni universelle ; elle est presque toujours semée, à l’endroit du cou et de la poitrine, de ces mouchetures qui sont propres aux grives, mais qui sont ici plus faibles et moins tranchées ; quelquefois elle est obscurcie sur le dos par un mélange de brun plus ou moins foncé, altérée sur la poitrine par une teinte de roux, comme dans celles que Frisch a représentées sans les décrire, pl. xxxiii. Quelquefois il n’y a, dans toute la partie supérieure, que le sommet de la tête qui soit blanc, comme dans l’individu que décrit Aldrovande[1] : d’autres fois, c’est la partie postérieure du cou, qui a une bande transversale blanche en manière de demi-collier ; et l’on ne doit pas douter que cette couleur ne se combine de beaucoup d’autres manières en différents individus, avec les couleurs propres à l’espèce ; mais on doit aussi se souvenir que ces différentes combinaisons, loin de constituer des races diverses, ne constituent pas même des variétés constantes.

II.La grive huppée.

La grive huppée, dont parle Schwenckfeld[2], doit être aussi regardée comme variété de cette espèce, non seulement parce qu’elle en a la grosseur et le plumage, à l’exception de son aigrette blanchâtre, faite comme celle de l’alouette huppée, et de son collier blanc, mais encore parce qu’elle est très rare : on peut même dire qu’elle est unique jusqu’ici, puisque Schwenckfeld est le seul qui l’ait vue, et qu’il ne l’a vue qu’une seule fois ; elle avait été prise, en 1599, dans les forêts du duché de Lignitz. Il est bon de remarquer que les oiseaux acquièrent quelquefois, en se desséchant, une huppe par une certaine contraction des muscles de la peau qui recouvrent la tête.


  1. Ornithologia, t. II, p. 601.
  2. Aviarium Silesiae, p. 362.