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LE PINSON[1]


Cet oiseau a beaucoup de force dans le bec ; il sait très bien s’en servir pour se faire craindre des autres petits oiseaux, comme aussi pour pincer jusqu’au sang les personnes qui le tiennent ou qui veulent le prendre, et c’est pour cela que, suivant plusieurs auteurs[2], il a reçu le nom de pinson[NdÉ 1] : mais comme l’habitude de pincer n’est rien moins que propre à cette espèce, que même elle lui est commune non seulement avec beaucoup d’autres espèces d’oiseaux, mais avec beaucoup d’animaux de classes toutes différentes, quadrupèdes, mille-pèdes, bipèdes, etc., je trouve mieux fondée l’opinion de Frisch[3], qui tire ce mot pinson de pincio, latinisé du mot allemand pinck, qui semble avoir été formé d’après le cri de l’oiseau.

Les pinsons ne s’en vont pas tous en automne, il y en a toujours un assez bon nombre qui restent l’hiver avec nous ; je dis avec nous, car la plupart s’approchent en effet des lieux habités et viennent jusque dans nos basses-cours où ils trouvent une subsistance plus facile ; ce sont de petits parasites qui nous recherchent pour vivre à nos dépens, et qui ne nous dédommagent par rien d’agréable : jamais on ne les entend chanter dans cette saison, à moins qu’il n’y ait de beaux jours ; mais ce ne sont que des moments, et des

  1. « Montifringilla, fringilla montana Jonstonii, pinson de Belon, passer subtùs spadiceus, supernè subcæruleus, et subvirescens. Pinça. » Barrère, Specim., p. 55. Cet auteur semble avoir confondu les deux espèces. — « Fringilla cælebs, artubus nigris, remigibus utrimque albis ; tribus primis immaculatis ; rectricibus duabus obliquè albis. » Linnæus, Syst. nat., édit. X, p. 179. Fauna Suecica, no 199. — « Passer supernè fusco-castaneus, infernè albo-rufescens ; uropygio viridi olivaceo (collo inferiore et pectore vinaceis Mas), maculâ in alis candidâ ; rectricibus lateralibus nigris, extimâ tæniâ obliquè albâ insignitâ, proximè sequenti interiùs albo obliquè terminatâ, tribus aliis apice albis… Fringilla. » Brisson, Ornithol., t. III, p. 148. — Pinson commun, fringilla, etc. Pinçard, pinchard, pinchon, glaumet, huit, pichot, guignot, riche-prieur. Salerne, Oiseaux, p. 266.
  2. Voyez Belon, Nature des oiseaux, page 371.
  3. Tome Ier, classe 1, section 1.
  1. Fringilla Cælebs L. [Note de Wikisource : actuellement Fringilla coelebs Linnæus, vulgairement pinson des arbres, famille des Fringillidés]. — Le Pinson possède un plumage élégant. « Le mâle a le front noir foncé, la tête et la nuque d’un bleu cendré, le dos brun, la partie inférieure du corps d’un rouge vineux, le ventre blanc, les ailes marquées de deux bandes blanches. Le bec est, au printemps, d’un bleuâtre clair ; en hiver et en automne d’un blanc rougeâtre ; la pointe en est toujours noire. Les pattes sont d’un gris rougeâtre, ou couleur de chair sale ; l’iris est brun. La femelle et les jeunes ont la partie supérieure du corps brun olivâtre, la partie inférieure grise, les ailes avec deux bandes blanches comme chez le mâle » (Brehm).