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à ce que j’ai dit de tous en général les descriptions respectives de chacun en particulier. C’est surtout lorsque l’on a à faire connaître des oiseaux tels que ceux-ci, dont le principal mérite consiste dans les couleurs du plumage et ses variations, qu’il faudrait quitter la plume pour prendre le pinceau, ou du moins qu’il faudrait savoir peindre avec la plume, c’est-à-dire représenter avec des mots, non seulement les contours et les formes du tout ensemble et de chaque partie, mais le jeu des nuances fugitives qui se succèdent ou se mêlent, s’éclipsent ou se font valoir mutuellement, et surtout exprimer l’action, le mouvement et la vie.

Le bengali[NdÉ 1] a de chaque côté de la tête une espèce de croissant couleur de pourpre qui accompagne le bas des yeux, et donne du caractère à la physionomie de ce petit oiseau.

La gorge est d’un bleu clair ; cette même couleur domine sur toute la partie inférieure du corps jusqu’au bout de la queue, et même sur ses couvertures supérieures. Tout le dessus du corps, compris les ailes, est d’un joli gris.

Dans quelques individus, ce même gris, un peu plus clair, est encore la couleur du ventre et des couvertures inférieures de la queue.

Dans d’autres individus, venant d’Abyssinie, ce même gris avait une teinte de rouge à l’endroit du ventre.

Dans d’autres enfin, il n’y a point de croissant de couleur pourpre sous les yeux, et cette variété, connue sous le nom de cordon bleu, est plus commune que celle qui a été décrite la première : on prétend que c’est la femelle, mais par la raison même que le cordon bleu est si commun, je le regarde non seulement comme une variété de sexe, mais encore comme une variété d’âge ou de climat, qui peut avoir quelque rapport pour les couleurs avec la femelle. M. le chevalier Bruce, qui a vu cet oiseau en Abyssinie, nous a assuré positivement que les deux marques rouges ne se trouvaient point dans la femelle, et que toutes ses couleurs étaient d’ailleurs beaucoup moins brillantes. Il ajoute que le mâle a un joli ramage ; mais il n’a point remarqué celui de la femelle : l’un et l’autre ont le bec et les pieds rougeâtres.

M. Edwards a dessiné et colorié[1] un cordon bleu venant des côtes d’Angola, où les Portugais l’appellent azulinha[2]. Il différait du précédent, en ce que le dessus du corps était d’un brun cendré, légèrement teint de pourpre, le bec d’une couleur de chair rembrunie, et les pieds bruns. Le plumage de

    « Fringilla dorso fusco ; abdomine caudâque cæruleis… Fringilla Angolensis. » Linnæus, édit. X, g. 98, sp. 24. Les oiseleurs le nomment mariposa, mais Catesby a appliqué cette dénomination à son pinson de trois couleurs, connu sous le nom de pape de la Louisiane.

  1. Nat. history of Birds, p. 131 et 227.
  2. M. Edwards le nomme blue-bellyed finch.
  1. Bengali mariposa Vieill. [Note de Wikisource : L’espèce principalement décrite ici, dont le mâle porte une tache rouge à chaque joue, est l’actuel Uraeginthus bengalus Linnæus, vulgairement cordonbleu à joues rouges. Avec celle-ci est confondue une seconde espèce, dont le mâle, comme la femelle, est dépourvu de tache rouge, et qui sert notamment de base aux descriptions de Linnæus et Edwards citées dans cet article, à savoir l’actuel Uraeginthus angolensis Linnæus ou cordonbleu d’Angola. Ces deux oiseaux sont de la famille des Estrildidés.]