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Celles qui restent en Europe se tiennent l’été dans les bois en montagnes ; aux approches de l’hiver, elles quittent l’intérieur des bois où elles ne trouvent plus de fruits ni d’insectes, et elles s’établissent sur les lisières des forêts ou dans les plaines qui leur sont contiguës : c’est sans doute dans le mouvement de cette migration que l’on en prend une si grande quantité au commencement de novembre dans la forêt de Compiègne. Il est rare, suivant Belon, que les différentes espèces se trouvent en grand nombre en même temps dans les mêmes endroits[1].

Toutes, ou presque toutes, ont les bords du bec supérieur échancrés vers la pointe, l’intérieur du bec jaune, sa base accompagnée de quelques poils ou soies noires dirigées en avant, la première phalange du doigt extérieur unie à celle du doigt du milieu, la partie supérieure du corps d’une couleur plus rembrunie, et la partie inférieure d’une couleur plus claire et grivelée ; enfin, dans toutes, ou presque toutes, la queue est à peu près le tiers de la longueur totale de l’oiseau, laquelle varie, dans ces différentes espèces, entre huit et onze pouces, et n’est elle-même que les deux tiers du vol ; les ailes, dans leur situation de repos, s’étendent au moins jusqu’à la moitié de la queue, et le poids de l’individu varie d’une espèce à l’autre de deux onces et demie à quatre onces et demie.

M. Klein prétend être bien informé que la partie septentrionale de l’Inde a aussi ses grives, mais qui diffèrent des nôtres, en ce qu’elles ne changent point de climat[2].


LA GRIVE[3]

Cette espèce, que je place ici la première parce qu’elle a donné son nom au genre, n’est que la troisième dans l’ordre de la grandeur : elle est fort commune en certains cantons de Bourgogne, où les gens de la campagne la connaissent sous le nom de grivette et de mauviette[NdÉ 1], elle

  1. Voyez Belon, Nature des oiseaux, p. 326.
  2. De Avibus, p. 170.
  3. M. Salerne, voyant que cette grive s’appelait mavis en anglais et mauvis en français, dans la Brie et quelques autres provinces, s’est persuadé qu’elle devait être le mauvis des naturalistes, et en conséquence il lui a appliqué tous les noms donnés par Belon au véritable
  1. On la désigne généralement sous le nom de Grive commune ou Grive des vignes. Linné lui a donné le nom de Turdus musicus [Note de Wikisource : actuellement Turdus philomelos Brehm, vulgairement grive musicienne]. « Elle a 22 centimètres de long et 35 centimètres d’envergure ; l’aile pliée mesure 12 centimètres et la queue 11 centimètres environ. Elle a le dos gris olivâtre, le ventre blanc jaunâtre, semé de taches brunes ovales ou triangulaires ; les couvertures inférieures de l’aile d’un jaune roux clair, les couvertures supérieures tachées de jaune roux sale, occupant l’extrémité des plumes. Les deux sexes ne diffèrent l’un de l’autre que par la taille. Les jeunes ont sur le dos des taches jaunâtres et brunes. » (Brehm).