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LE MINISTRE[1]

C’est le nom que les oiseleurs donnent à un oiseau[NdÉ 1] de la Caroline que d’autres appellent l’évêque, et qu’il ne faut pas confondre avec l’évêque du Brésil, qui est un tangara. Je le rapproche ici de la linotte, parce qu’au temps de la mue il lui ressemble à s’y méprendre, et que la femelle lui ressemble en tout temps. La mue a lieu dans les mois de septembre et d’octobre, mais cela varie comme pour les veuves et pour beaucoup d’autres oiseaux : on dit même que souvent le ministre mue deux fois ; en quoi il se rapproche encore des veuves, des bengalis, etc.

Lorsqu’il a son beau plumage, il est d’un bleu céleste, soutenu d’un peu de violet qui lui sert de pied : le fouet de l’aile est d’un bleu foncé et rembruni dans le mâle, et d’un brun verdâtre dans la femelle, ce qui suffit pour distinguer celle-ci du mâle en mue, dont le plumage au reste est assez semblable à celui de la femelle.

Le ministre est de la grosseur du serin, et comme lui, vit de millet, de graine d’alpiste, etc.

Catesby a fait représenter ce même oiseau sous le nom de linotte bleue[2], et nous apprend qu’il se trouve dans les montagnes de la Caroline, à cent cinquante milles de la mer ; qu’il chante à peu près comme la linotte ; que les plumes de la tête sont d’un bleu plus foncé ; celles du dessous du corps d’un bleu plus clair ; que les pennes de la queue sont du même brun que les pennes des ailes, avec une légère teinte de bleu ; enfin qu’il a le bec noirâtre et les pieds bruns, et qu’il ne pèse que deux gros et demi.

Longueur totale, cinq pouces ; bec, cinq lignes ; tarse, huit à neuf lignes ; doigt du milieu, six lignes et demie ; queue, deux pouces ; elle dépasse les ailes de dix à onze lignes.


LES BENGALIS ET LES SÉNÉGALIS, ETC.[3]

Tous les voyageurs, et d’après eux les naturalistes, s’accordent à dire que ces petits oiseaux sont sujets à changer de couleur dans la mue ; quelques-

  1. On a vu plusieurs fois cet oiseau chez le sieur Château, à qui l’on doit le peu que l’on sait de son histoire.
  2. The blue-linnet : les Espagnols l’appellent azul lexos. Castesby, pl. 45. — « Tangara in toto corpore cyanea, vertice saturatiore ; remigibus majoribus fuscis, ovis exterioribus cyancis ; rectricibus fuscis, aliquid cyanei admixtum habentibus… Tangara Carolinensis cærulea », tangara bleu de la Caroline. Brisson, t. III, p. 13.
  3. On a aussi donné à quelques-uns le nom de moineaux du Sénégal.
  1. Passerina cyanea Vieill. [Note de Wikisource : actuellement Passerina cyanea Linnæus, vulgairement passerin bleu, de la famille des Cardinalidés].