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ces variétés viennent du temps et des circonstances où ces oiseaux ont été vus : si c’est au milieu du printemps, ils avaient leurs plus belles couleurs ; si c’est pendant la mue, ils n’avaient plus de rouge ; si c’est d’abord après, ils n’en avaient pas encore ; si c’est après avoir été tenus plus ou moins de temps en cage, ils en avaient perdu plus ou moins ; et si les plumes des différentes parties tombent en des temps différents, c’est encore une source abondante de variétés. Dans cette incertitude, on est forcé d’avoir recours, pour déterminer les espèces, à des propriétés plus constantes : à la forme du corps, aux mœurs, aux habitudes. Faisant l’application de cette méthode, je trouve qu’il n’y a que deux espèces d’oiseaux à qui l’on ait donné le nom de petite linotte : l’un qui ne chante point, qui ne paraît que tous les six ou sept ans, arrive par troupes très nombreuses, ressemble au tarin, etc. ; c’est la petite linotte de vignes de M. Brisson ; l’autre est le cabaret de cet article[NdÉ 1].

M. Daubenton le jeune a eu pendant deux ou trois ans un de ces oiseaux qui avait été pris au filet ; il était d’abord très sauvage, mais il s’apprivoisa peu à peu et devint tout à fait familier. Le chènevis était la graine dont il paraissait le plus friand ; il avait la voix douce et mélodieuse, presque semblable à celle de la fauvette appelée traîne-buisson : il perdit tout son rouge dès la première année, et il ne le reprit point ; ses autres couleurs n’éprouvèrent aucune altération. On a remarqué que lorsqu’il était en mue, ou malade, son bec devenait aussitôt pâle et jaunâtre, puis reprenait par nuances sa couleur brune à mesure que l’oiseau se portait mieux. La femelle n’est pas entièrement dépourvue de belles couleurs ; elle a du rouge sur la tête, mais elle n’en a pas sur le croupion : quoique plus petite que la femelle de la linotte ordinaire, elle a la voix plus forte et plus variée. Cet oiseau est assez rare, soit en Allemagne, soit en France ; il a le vol rapide et ne va point par grandes troupes ; son bec est un peu plus fin, à proportion, que celui de la linotte.

Mesures. La longueur totale du cabaret est de quatre pouces et demi ; son vol a près de huit pouces ; son bec un peu plus de quatre lignes ; sa queue a deux pouces : elle est fourchue, et ne dépasse les ailes que de huit lignes.

Couleurs. Le dessus de la tête et le croupion rouges ; une bande roussâtre sur les yeux ; le dessus du corps varié de noir et de roux ; le dessous du corps roux, tacheté de noirâtre sous la gorge ; le ventre blanc ; les pieds bruns, quelquefois noirs. Les ongles sont fort allongés, et celui du doigt postérieur est plus long que ce doigt.



  1. Fringilla linaria L. [Note de Wikisource : actuellement Acanthis cabaret Statius Müller (parfois considéré comme une sous-espèce de Acanthis flammea Linnæus, ici appelé sizerin), vulgairement sizerin cabaret ; les sizerins, du genre Acanthis, sont avec les becs-croisés les oiseaux les plus apparentés aux linottes.].