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près le même plumage : la poitrine et la gorge sont variées de noir et de blanc, la tête de noir et de cendré, et le dos de noir et de roussâtre. Les ailes ont une raie blanche transversale très apparente, attendu qu’elle se trouve sur un fond noir ; elle est formée par les grandes couvertures qui sont terminées de blanc. La queue est longue de deux pouces et demi, composée de douze pennes brunes, mais dont les latérales ont une bordure blanche d’autant plus large que la penne est plus extérieure.

Il est probable que la linotte de montagne a la queue fourchue et le ramage agréable, quoique Willughby ne le dise pas expressément ; mais il a rangé cet oiseau avec les linottes, et il compte ces deux caractères parmi ceux qui sont propres aux linottes. Si l’on admet cette conséquence, la linotte de montagne pourrait bien aussi n’être qu’une variété de climat ou de local.


LE CABARET[1]

Lorsqu’il s’agit d’oiseaux en qui les couleurs sont aussi variables que dans ceux-ci, on s’exposerait à une infinité de méprises si l’on voulait prendre ces mêmes couleurs pour les marques distinctives des espèces. Nous avons vu que notre linotte ordinaire, dans l’état de liberté, avait du rouge sur la tête et sur la poitrine ; que la linotte captive n’en avait que sur la poitrine, encore était-il caché ; que la linotte de Strasbourg l’avait aux pieds ; que celle de montagne l’avait sur le croupion : M. Brisson dit que celle qu’il nomme petite linotte de vignes en a sur la tête et sur la poitrine, et Gessner ajoute sur le croupion ; Willughby fait mention d’une petite linotte qui n’avait de rouge que sur la tête, et ressemblait en cela à deux autres décrites par Aldrovande, mais qui en différait à d’autres égards. Enfin le cabaret de M. Brisson avait du rouge sur la tête et le croupion, et celui de M. Frisch n’en avait point sur la tête. Il est visible qu’une grande partie de

  1. « Passer supernè nigricante et rufescente varius, infernè rufescens ; ventre albido ; tæniâ supra oculos rufescente ; maculis rostrum inter et oculos, et sub gutture fusconigricantibus (vertice et uropygio rubris Mas) ; (vertice rubro Fœmina), tæniâ in alis transversâ alborufescente ; rectricibus fuscis, oris in totâ circumferentiâ rufescentibus… Linaria minima », la petite linotte ou le cabaret. Brisson, t. III, p. 142. An fanello dell’ Aquila Olinæ, p. 8. Brisson, ibid.Picaveret. Belon, Nature des oiseaux, p. 356. La petite linotte, twite, Albin, Hist. nat., t. III, p. 31. Linaria pectore subluteo, Gelbkehlige Henffling, Quitter. Linotte à gorge jaunâtre. Frisch, t. Ier, class. 1, art. 3, no 10. — Il est difficile de reconnaître notre cabaret dans la description que fait Olina de son Fanello dell’ Aquila, overo della Marca, p. 45, dans lequel il ne paraît pas qu’il y ait une seule plume rouge, et qui semble plus grand que notre cabaret. Je doute aussi que la linotte à gorge jaunâtre de M. Frisch soit exactement de la même espèce, s’il est bien vrai comme il le dit, classe 1, division 3e, art. 3, que cette linotte ne chante point ; car nous sommes sûrs que le cabaret a un ramage fort agréable.