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LE GYNTEL DE STRASBOURG[1]

On sait fort peu de chose de cet oiseau[NdÉ 1], mais le peu qu’on en sait ne présente guère que des traits de ressemblance avec notre linotte. Il est de même taille, il se nourrit des mêmes graines, il vole comme elle en troupes nombreuses, il pond des œufs de la même couleur ; il a la queue fourchue, le dessus du corps rembruni, la poitrine rousse, mouchetée de brun, et le ventre blanc. À la vérité, il ne pond que trois ou quatre œufs, selon Gessner, et il a les pieds rouges ; mais Gessner était-il assez instruit de la ponte de ces oiseaux ? et quant aux pieds rouges, nous avons vu, nous verrons encore que cette couleur n’est rien moins qu’étrangère aux linottes, surtout aux linottes sauvages. L’analogie perce à travers ces différences mêmes, et je suis tenté de croire que lorsque le gyntel sera mieux connu, il pourrait bien se rapporter, comme variété de climat, de local, etc., à l’espèce de notre linotte.


LA LINOTTE DE MONTAGNE[2]

Elle[NdÉ 2] se trouve en effet dans la partie montagneuse de la province de Derby en Angleterre ; elle est plus grosse que la nôtre[3] ; elle a le bec plus fin à proportion, et le rouge que notre linotte mâle a sur la tête et la poitrine, le mâle de celle-ci le porte sur le croupion[4]. Du reste, c’est à peu

  1. C’est le nom que Gessner a donné à cet oiseau. Ornithologia, p. 796. Et, d’après lui, Aldrovande, Ornithol., p. 825. — « Passer supernè fuscus infernè rufus, maculis fuscis varius, imo ventre albicante, rectricibus fuscis, pedibus rubicundis. Linaria argentoratensis », linotte de Strasbourg. Brisson, t. III, p. 146.
  2. « Passer supernè nigro et rufescente varius, infernè albidus ; pennis in collo inferiore et pectore in medio nigris ; (uropygio rubro Mas) tæniâ in alis transversâ albâ ; rectricibus fuscis, oris lateralium in utroque latere albis… Linaria montana », la linotte de montagne. Brisson, t. III, p. 145. — « Linaria montana, the mountain linnet. » Willughby, Ornithol., p. 191. Ray, Synops. meth., p. 91. British Zoology, p. 111. — « Linaria fera, saxatilis, Stein Henffling Schwenckfeld, avis Silesiæ », p. 294. — « Linaria fera saxatilis Schwenckfeldii, linaria montana Willughby, an fanello dell’Aquila Olinæ ? Stein Henffling Frischii, Grawer Henffling. » Klein, Ordo Avium, p. 93. — Serait-ce cette seconde linotte dont parle Gessner, p. 591, et d’après lui Schwenckfeld, p. 194, laquelle est plus sauvage que la linotte ordinaire, chante moins bien, et habite les montagnes arides, du moins à en juger par le nom de Stein Henffling (linotte de rocher) par lequel il la désigne.
  3. Il est évident, par cela seul, que cette linotte est tout à fait différente du cabaret ou petite linotte avec laquelle on l’a confondue par méprise. Voyez British Zoology, p. 111.
  4. Je ne sais pourquoi M. Klein, parlant de cette linotte de Willughby, et citant cet auteur, p. 93, dit positivement qu’elle n’a point de rouge, contre le texte formel de Willughby, p. 191.
  1. Fringilla argentoratensis Gmel. [Note de Wikisource : Ce n’est qu’une variété de l’espèce précédente.]
  2. Fringilla montium Gmel. [Note de Wikisource : actuellement Linaria flavirostris Linnæus, vulgairement linotte à bec jaune].