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celui des Canaries ; la longueur de la pointe du bec à l’extrémité de la queue (que j’appelle constamment longueur totale), est d’environ quatre pouces et demi, celle de la queue n’est que d’environ un pouce. La femelle est très peu différente du mâle, soit par la grandeur, soit par les couleurs. Cet oiseau est peut-être le même que celui de Madagascar, indiqué par Flacourt sous le nom de mangoiche, qu’il dit être une espèce de serin.

Il se pourrait que ce serin qui, par les couleurs, a beaucoup de rapport avec nos serins panachés, fût la tige primitive de cette race d’oiseaux panachés, et que l’espèce entière n’appartînt qu’à l’ancien continent et aux îles Canaries, qu’on doit regarder comme parties adjacentes à ce continent ; car celui dont parle M. Brisson sous le nom de serin de la Jamaïque[NdÉ 1] et duquel Sloane et Ray ont donné une courte description[1], me paraît un oiseau d’une espèce différente et même assez éloignée de celle de nos serins, lesquels sont tout à fait étrangers à l’Amérique. Les historiens et les voyageurs nous apprennent qu’il n’y en avait point au Pérou, que le premier serin y fut porté dans l’année 1556[2], et que la multiplication de ces oiseaux en Amérique, et notamment dans les îles Antilles, est bien postérieure à cette époque. Le P. Dutertre rapporte que M. du Parquet acheta en l’année 1657, d’un marchand qui avait abordé dans ces îles, un grand nombre de serins des Canaries auxquels il donna la liberté ; que, depuis ce temps, on les entendait ramager autour de son habitation, en sorte qu’il y a apparence Qu’ils se sont multipliés dans cette contrée[3]. Si l’on trouve de vrais serins à la Jamaïque, ils pourraient bien venir originairement de ces serins transportés et naturalisés aux Antilles dès l’année 1657. Néanmoins l’oiseau décrit par MM. Sloane, Ray et Brisson, sous le nom de serin de la Jamaïque, nous paraît être trop différent du serin des Canaries pour qu’on puisse le regarder comme provenant de ces serins transportés aux Antilles.

Tandis qu’on, finissait l’impression de cet article, il nous est arrivé plusieurs serins du cap de Bonne-Espérance, parmi lesquels j’ai cru reconnaître trois mâles, une femelle et un jeune oiseau de l’année. Ce sont tous

  1. « Serino affinis avis è cinereo, luteo et fusco varia. » Ray, Synopsis, p. 188. — Le serin de la Jamaïque. Brisson, t. III, p. 189. — Cet oiseau a 8 pouces de longueur totale, c’est-à-dire, de la pointe du bec à l’extrémité de la queue ; 12 pouces de vol, bec court et fort ; 3/4 de pouce de longueur (ou 1/3 de pouce selon Ray) ; queue 1 pouce, jambe et pied 1 pouce1/4. (M. Brisson a jugé que Sloane s’est trompé à l’égard de ces dimensions, ne trouvant pas que les proportions fussent gardées.) Le bec supérieur est d’un brun tirant au bleu, le bec inférieur d’une couleur plus claire ; la tête et la gorge grises ; la partie supérieure du corps jaune brun, les ailes et la queue d’un brun foncé rayé de blanc, la poitrine et le ventre jaunes, le dessous de la queue blanc, les pieds bleuâtres, les ongles bruns, crochus et fort courts. Traduit de Sloane’s Jamaïca, p. 311, n. 49.
  2. Histoire des Incas, t. II, p. 329.
  3. Histoire générale des Antilles, par le P. Dutertre, in-4o, t. II, page 262.
  1. Fringilla cana Lath. [Note de Wikisource : actuellement Spindalis nigricephala Jameson, vulgairement zéna de Jamaïque, d’une famille mal déterminée]. [Note de Wikisource : Les serins de Mozambique des planches enluminées correspondent à deux espèces distinctes, le Crithagra mozambica Statius Müller ou serin du Mozambique, et le Crithagra flaviventris Gmelin ou serin de Sainte-Hélène.]