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« La plupart de ceux qui ont des serins des Canaries ne savent pas que ces oiseaux[1] chantent ou comme la farlouse, ou comme le rossignol ; cependant rien n’est plus marqué que ce trait du chant du rossignol que les Anglais appellent jug, et que la plupart des serins du Tyrol expriment dans leur chant, aussi bien que quelques autres phrases de la chanson du rossignol.

» Je fais mention de la supériorité des habitants de Londres dans ce genre de connaissances, parce que je suis convaincu que si l’on en consulte d’autres sur le chant des oiseaux, leur réponse ne pourra que jeter dans l’erreur. »


OISEAUX ÉTRANGERS
QUI ONT RAPPORT AUX SERINS

I.Le serin de Mozambique.

Les oiseaux étrangers qu’on pourrait rapporter à l’espèce du serin sont en assez petit nombre : nous n’en connaissons que trois espèces. La première est celle qui nous a été envoyée des côtes orientales de l’Afrique sous le nom de serin de Mozambique, qui nous paraît faire la nuance entre les serins et les tarins ; nous l’avons fait représenter dans nos planches enluminées, no 364, fig. 1 et 2 ; le jaune est la couleur dominante de la partie inférieure du corps de l’oiseau, et le brun celle de la partie supérieure, excepté que le croupion et les couvertures de la queue sont jaunes ; ces couvertures, ainsi que celles des ailes et leurs pennes, sont bordées de blanc ou de blanchâtre. Le même jaune et le même brun se trouvent sur la tête, distribués par bandes alternatives ; celle qui court sur le sommet de la tête est brune, ensuite deux jaunes qui surmontent les yeux, puis deux brunes qui prennent naissance derrière les yeux, puis deux jaunes, et enfin deux brunes qui partent des coins du bec. Ce serin est un peu plus petit que

  1. J’ai vu deux de ces oiseaux des îles Canaries qui ne chantaient point du tout, et j’ai su que dernièrement un vaisseau apporta une grande quantité de ces oiseaux qui ne chantaient pas davantage ; la plupart de ceux qui viennent du Tyrol ont été instruits par leurs père et mère, et ainsi de suite jusqu’à celui qui est le tronc de cette race, et qui avait été instruit par un rossignol. Ceux d’Angleterre chantent pour l’ordinaire comme la farlouse.

    Le trafic de ces oiseaux fait un petit article de commerce ; le seul Tyrol nous en fournit 1 600 par an, et quoique les marchands qui nous les fournissent les apportent sur leur dos l’espace de plus de 330 lieues, ils ne les vendent que schellings la pièce. La principale ville où l’on élève des serins, est celle d’Inspruck, en y comprenant ses environs : c’est de là que le commerce les répand à Constantinople et dans toute l’Europe.

    Je tiens d’un négociant du Tyrol, que la ville de Constantinople était, de toutes les villes, celle qui tirait le plus de serins des Canaries. Trans. philos., vol. LXIII, part. II, 10 janvier 1773.