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ne jamais presser le temps de la première nichée ; on a coutume de permettre à ces oiseaux de s’unir vers le 20 ou le 25 de mars, et l’on ferait mieux d’attendre le 12 ou le 15 d’avril ; car lorsqu’on les met ensemble dans un temps encore froid, ils se dégoûtent souvent l’un de l’autre, et si par hasard les femelles font des œufs, elles les abandonnent, à moins que la saison ne devienne plus chaude ; on perd donc une nichée tout entière en voulant avancer le temps de la première.

Les jeunes serins sont différents des vieux, tant par les couleurs du plumage, que par quelques autres caractères. « Un jeune serin de l’année, observé le 13 septembre 1772[1], avait la tête, le cou, le dos et les pennes des ailes noirâtres, excepté les quatre premières pennes de l’aile gauche, et les six premières pennes de l’aile droite, qui étaient blanchâtres ; le croupion, les couvertures des ailes, la queue, qui n’était pas encore entièrement formée, et le dessous du corps, étaient aussi de couleur blanchâtre, et il n’y avait pas encore de plumes sur le ventre depuis le sternum jusqu’à l’anus. Ce jeune oiseau avait le bec inférieur rentrant dans le bec supérieur, qui était assez gros et un peu crochu. » À mesure que l’oiseau avance en âge, la disposition et les nuances de couleur changent : on distingue les vieux des jeunes par la force, la couleur et le chant ; les vieux ont constamment les couleurs plus foncées et plus vives que les jeunes ; leurs pattes sont plus rudes et tirant sur le noir s’ils sont de la race grise ; ils ont aussi les ongles plus gros et plus longs que les jeunes[2]. La femelle ressemble quelquefois si fort au mâle, qu’il n’est pas aisé de les distinguer au premier coup d’œil ; cependant le mâle a toujours les couleurs plus fortes que la femelle, la tête un peu plus grosse et plus longue, les tempes d’un jaune plus orangé, et sous le bec une espèce de flamme jaune qui descend plus bas que sous le bec de la femelle ; il a aussi les jambes plus longues ; enfin il commence à gazouiller presque aussitôt qu’il mange seul. Il est vrai qu’il y a des femelles qui, dans ce premier âge, gazouillent aussi fort que les mâles. Mais en rassemblant ces différents indices on pourra distinguer, même avant la première mue, les serins mâles et les femelles. Après ce temps il n’y a plus d’incertitude à cet égard, car les mâles commencent dès lors à déclarer leur sexe par le chant.

    lorsqu’il en est, une fois le mois ; du mouron dans le temps de la mue ; au lieu de sucre, de l’avoine battue et du blé de Turquie, et surtout une grande propreté ; c’est à quoi je me réduis depuis la fatale expérience que j’ai faite des leçons des autres. Petit Traité de la nichée des canaris, communiqué par M. Batteau, avocat à Dijon. — Je crois qu’il pourrait y avoir ici une petite erreur : tous les oiseleurs que j’ai consultés m’ont dit qu’il fallait bien se garder de donner aux serins du mouron dans la mue, et que cette nourriture trop rafraîchissante prolongeait la durée de ce mauvais état de santé. Les autres conseils que donne ici M. Batteau me paraissent bien fondés.

  1. Note communiquée par M. Gueneau de Montbeillard.
  2. Amusements innocents, p. 61 et 62.