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salade ni verdure pendant qu’ils nourrissent, cela affaiblirait beaucoup les petits ; mais pour varier un peu leurs aliments et les réjouir par un nouveau mets, vous leur donnerez tous les trois jours sur une assiette, au lieu de l’échaudé, un morceau de pain blanc trempé dans l’eau et pressé dans la main ; ce pain, qu’on ne leur donnera qu’un seul jour sur trois, étant pour ces oiseaux une nourriture moins substantielle que l’échaudé, les empêchera de devenir trop gras pendant leur ponte ; on fera bien aussi de leur fournir dans le même temps quelques graines d’alpiste, et seulement tous les deux jours, crainte de les trop échauffer ; le biscuit sucré produit ordinairement cet effet, qui est suivi d’un autre encore plus préjudiciable, c’est qu’étant nourris de biscuit ils font souvent des œufs clairs ou des petits faibles et trop délicats. Lorsqu’ils auront des petits on leur fera tous les jours bouillir de la navette afin d’en ôter l’âcreté. « Une longue expérience, dit le P. Bougot, m’a appris que cette nourriture est celle qui leur convient le mieux, quoi qu’en disent tous les auteurs qui ont écrit sur les canaris. »

Après leur ponte, il faut leur donner du plantain et de la graine de laitue pour les purger, mais il faut en même temps ôter tous les jeunes oiseaux, qui s’affaibliraient beaucoup par cette nourriture, qu’on ne doit fournir que pendant deux jours aux pères et mères. Quand vous voudrez élever des serins à la brochette, il ne faudra pas, comme le conseillent la plupart des oiseleurs, les laisser à leur mère jusqu’au onzième ou douzième jour, il vaut mieux lui ôter ses petits dès le huitième jour ; on les enlèvera avec le nid et on ne lui laissera que le panier. On préparera d’avance la nourriture de ces petits ; c’est une patée composée de navette bouillie, d’un jaune d’œuf et de mie d’échaudé, mêlée et pétrie avec un peu d’eau dont on leur donnera des becquées toutes les deux heures ; il ne faut pas que cette pâtée soit trop liquide, et l’on doit, crainte qu’elle ne s’aigrisse, la renouveler chaque jour jusqu’à ce que les petits mangent seuls.

Dans ces oiseaux captifs la production n’est pas aussi constante, mais paraît néanmoins plus nombreuse qu’elle ne le serait probablement dans leur état de liberté ; car il y a quelques femelles qui font quatre et même cinq pontes par an, chacune de quatre, cinq, six et quelquefois sept œufs : communément elles font trois pontes, et la mue les empêche d’en faire davantage[1]. Il y a néanmoins des femelles qui couvent pendant la mue,

  1. Il y a des femelles qui ne pondent point du tout et qu’on appelle bréhaignes, d’autres qui ne font qu’une ponte ou deux pendant toute l’année ; encore après avoir pondu leur premier œuf, elles sont souvent le lendemain à se reposer, ne faisant leur second œuf que deux ou trois jours après ; il y en a d’autres qui ne font que trois pontes, lesquelles sont pour ainsi dire réglées, ayant trois œufs à chacune de leur couvée tout de suite, c’est-à-dire, sans intervalle de jours. Il y en a d’une quatrième espèce, que l’on peut appeler commune, parce qu’elles sont en grand nombre ; elles font quatre pontes et à chacune des pontes elles font quatre à cinq œufs, leurs pontes ne sont pas toujours réglées. Il y en a enfin d’autres plus