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en a dont la couleur agate est plus claire ou plus foncée. Les isabelles sont plus semblables ; leur couleur ventre de biche est constante et toujours uniforme, soit sur le même oiseau, soit dans plusieurs individus. Dans les panachés, les jaunes jonquilles sont panachés de noirâtre : ils ont ordinairement du noir sur la tête. Il y a des canaris panachés dans toutes les couleurs simples que nous avons indiquées ; mais ce sont les jaunes jonquille qui sont le plus panachés de noir.

Lorsque l’on apparie des canaris de couleur uniforme, les petits qui en proviennent sont de la même couleur ; un mâle gris et une femelle grise ne produiront ordinairement que des oiseaux gris ; il en est de même des isabelles, des blonds, des blancs, des jaunes, des agates ; tous produisent leurs semblables en couleur ; mais si l’on mêle ces différentes couleurs, en donnant, par exemple, une femelle blonde à un mâle gris ou une femelle grise à un mâle blond, et ainsi dans toutes les autres combinaisons, on aura des oiseaux qui seront plus beaux que ceux des races de même couleur ; et comme ce nombre de combinaisons de races que l’on peut croiser est presque inépuisable, on peut encore tous les jours amener à la lumière des nuances et des variétés qui n’ont pas encore paru. Les mélanges qu’on peut faire des canaris panachés avec ceux de couleur uniforme augmentent encore de plusieurs milliers de combinaisons les résultats que l’on doit en attendre ; et les variétés de l’espèce peuvent être multipliées, pour ainsi dire, à l’infini. Il arrive même assez souvent que, sans employer des oiseaux panachés, on a de très beaux petits oiseaux bien panachés qui ne doivent leur beauté qu’au mélange des couleurs différentes de leurs pères et mères, ou à leurs ascendants, dont quelques-uns du côté paternel ou maternel étaient panachés[1].

À l’égard du mélange des autres espèces avec celle du canari, voici les observations que j’ai pu recueillir : de tous les serins, le cini ou serin vert est celui qui a la voix la plus forte et qui paraît être le plus vigoureux, le plus ardent pour la propagation ; il peut suffire à trois femelles canaris, il leur porte à manger sur leurs nids ainsi qu’à leurs petits. Le tarin et le chardonneret ne sont ni si vigoureux ni si vigilants, et une seule femelle canari suffit à leurs besoins.

Les oiseaux qui proviennent des mélanges du cini, du tarin, et du chardonneret avec une serine, sont ordinairement plus forts que les canaris ; ils chantent plus longtemps, et leur voix, très sonore, est plus forte, mais ils apprennent plus difficilement ; la plupart ne sifflent jamais qu’imparfaite-

  1. Pour avoir de très beaux oiseaux, il faut assortir un mâle panaché de blond avec une femelle jaune, queue blanche ; ou bien un mâle panaché avec une femelle blonde, queue blanche ou autre, excepté seulement la femelle grise, queue blanche. Et lorsqu’on veut se procurer un beau jonquille, il faut mettre un mâle panaché de noir avec une femelle jaune, queue blanche. Amusements innocents, p. 51.