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Indépendamment de ces différences qui paraissent être les premières variétés de l’espèce pure du serin des Canaries transporté dans différents climats, indépendamment de quelques races nouvelles qui ont paru depuis, il y a d’autres variétés, encore plus apparentes, qui proviennent du mélange du canari avec le venturon et avec le cini ; car non seulement ces trois oiseaux peuvent s’unir et produire ensemble, mais les petits qui en résultent et qu’on met au rang des mulets stériles sont des métis féconds dont les races se propagent. Il en est de même du mélange des canaris avec les tarins, les chardonnerets, les linottes, les bruants, les pinsons ; on prétend même qu’ils peuvent produire avec le moineau[1]. Ces espèces d’oiseaux, quoique très différentes, et en apparence assez éloignées de celle des canaris, ne laissent pas de s’unir et de produire ensemble lorsqu’on prend les précautions et les soins nécessaires pour les apparier. La première attention est de séparer les canaris de tous ceux de leur espèce ; et la seconde d’employer à ces essais la femelle plutôt que le mâle : on s’est assuré que la serine de Canarie produit avec tous les oiseaux que nous venons de nommer, mais il n’est pas également certain que le mâle canari puisse produire avec les femelles de tous ces mêmes oiseaux[2]. Le tarin et le chardonneret sont les seuls sur lesquels il me paraît que la production de la femelle avec le mâle canari soit bien constatée. Voici ce que m’a écrit à ce sujet un de mes amis, homme aussi expérimenté que véridique[3].

« Il y a trente ans que j’élève un grand nombre de ces petits oiseaux, et je me suis particulièrement attaché à leur éducation : ainsi c’est d’après plusieurs expériences et observations que je puis assurer les faits suivants. Lorsqu’on veut apparier des canaris avec des chardonnerets, il faut prendre dans le nid de jeunes chardonnerets de dix à douze jours, et les mettre dans des nids de canaris du même âge ; les nourrir ensemble et les laisser dans la même volière, en accoutumant le chardonneret à la même nourriture du canari. On met pour l’ordinaire des chardonnerets mâles

    croissant de même couleur posé sur le dos, tournant sa concavité vers la tête, et se joignant par ses deux cornes aux deux plaques noires antérieures des ailes. Enfin le cou est environné par derrière d’un demi-collier d’un gris qui paraît être une couleur composée, résultant du noir et du jaune fondus ensemble. La queue et ses couvertures sont presque blanches. Description des couleurs d’un canari panaché, observé avec M. de Montbeillard.

  1. M. d’Arnault a assuré à M. Salerne avoir vu à Orléans une serine grise, qui s’était échappée de la volière, s’accoupler avec un moineau et faire, dans un pot à passereau, sa couvée qu’elle amena à bien. Amusements innocents, ou le Parfait oiseleur ; in-12. Paris, 1774, p. 40 et 41.
  2. Gessner rapporte qu’un oiseleur suisse ayant voulu apparier un mâle canari avec une femelle scarzerine (cini), il vint bien des œufs, mais que ces œufs furent inféconds. Gessner, de Avibus, p. 260 et 261.
  3. Le R. P. Bougot, alors gardien des capucins de Châtillon-sur-Seine, et aujourd’hui gardien des capucins de Semur en Auxois.