Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

au dehors. Cet oiseau, qui est assez commun aux environs de Marseille et dans nos provinces méridionales jusqu’en Bourgogne, est rare dans nos provinces septentrionales. M. Lottinger dit qu’il n’est que de passage en Lorraine.

La couleur dominante du venturon, comme du cini, est d’un vert jaune sur le dessus du corps et d’un jaune vert sur le ventre : mais le cini, plus grand que le venturon, en diffère encore par une couleur brune qui se trouve par taches longitudinales sur les côtés du corps, et par ondes au-dessus[1] ; au lieu que dans notre climat la couleur ordinaire du canari est uniforme, d’un jaune citron sur tout le corps et même sur le ventre. Ce n’est cependant qu’à leur extrémité que les plumes sont teintes de cette belle couleur, elles sont blanches dans tout le reste de leur étendue. La femelle est d’un jaune plus pâle que le mâle ; mais cette couleur citron tirant plus ou moins sur le blanc, que le canari prend dans notre climat, n’est pas la couleur qu’il porte dans son pays natal, et elle varie suivant les différentes températures. « J’ai remarqué, dit un de nos plus habiles naturalistes[2], que le serin des Canaries, qui devient tout blanc en France, est à Ténériffe d’un gris presque aussi foncé que la linotte ; ce

  1. Voici une bonne description du cini qui m’a été envoyée par M. Hébert. « Cet oiseau est un peu plus petit qu’un serin de Canarie, auquel il ressemble beaucoup. Il a précisément le même plumage qu’une sorte de serin, qu’on appelle serin gris, et qui est peut-être le serin naturel et sans altération ; les variétés sont dues à la domesticité.

    » Le devant de la tête, le tour des yeux, le dessous de la tête, une sorte de collier, la poitrine et le ventre, jusqu’aux pattes, sont de couleur jonquille avec une teinte de vert. Les côtés de la tête, le haut des ailes, sont mêlés de vert, de jonquille et de noir. Le dos et le reste des ailes ont du vert, du gris et du noir. Le croupion est jonquille. La poitrine, quoique d’une seule couleur (jonquille) est cependant ondée. Les taches dont le plumage du cini sont parsemées, ne sont point tranchées et distinctes, mais comme fondues les unes dans les autres par petites ondes. Celles de la tête sont beaucoup plus fines et comme pointillées. Il y a aux deux côtés de la poitrine et sous le ventre, le long des ailes, des taches ou des traits noirs.

    » La queue est fourchue composée de douze plumes, les ailes sont de même couleur que le dos, l’extrémité des plumes qui recouvre la naissance des grandes pennes est légèrement bordée d’une sorte de jaune peu apparent ; les grandes pennes et la queue sont pareilles et d’un brun tirant sur le noir avec un léger bordé de gris, la queue est plus courte que celle du serin de Canarie.

    » En général cet oiseau est par-dessous jonquille, sur le dos varié de différentes couleurs où le vert domine, sans qu’on puisse dire laquelle sert de fond aux autres. Il n’a pas sur le dos une seule plume qui ne soit variée de plusieurs couleurs.

    » Le bec est assez semblable à celui d’un canari, un peu plus court, un peu plus petit. La pièce supérieure est horizontale avec le sommet de la tête, fort peu concave, plus large à sa base, échancrée près de sa naissance. La pièce inférieure est plus concave, posée diagonalement sous la supérieure dans laquelle elle s’emboîte.

    » Ce cini n’avait que 2 pouces 7 lignes depuis le sommet de la tête jusqu’à la naissance de la queue, qui avait 1 pouce 10 lignes ; les ailes tombent au tiers de la queue, les pattes sont très menues, le tarse avait 6 lignes de long, et les doigts à peu près autant. Les ongles ne sont pas exactement crochus. »

  2. M. Adanson, Voyage du Sénégal, p. 13.