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Le venturon ou serin d’Italie[NdÉ 1] se trouve non seulement dans toute l’Italie, mais en Grèce[1], en Turquie, en Autriche, en Provence, en Languedoc, en Catalogne, et probablement dans tous les climats de cette température. Néanmoins il y a des années où il est fort rare dans nos provinces méridionales, et particulièrement à Marseille. Son chant est agréable et varié ; la femelle est inférieure au mâle et par le chant et par le plumage[2]. La forme, la couleur, la voix, et la nourriture du venturon et du canari sont à peu près les mêmes, à la différence seulement que le venturon a le corps sensiblement plus petit, et que son chant n’est ni si beau ni si clair[3].

Le cini ou serin vert de Provence[NdÉ 2], plus grand que le venturon, a aussi la voix bien plus grande ; il est remarquable par ses belles couleurs, par la force de son chant et par la variété des sons qu’il fait entendre. La femelle, un peu plus grosse que le mâle et moins chargée de plumes jaunes, ne chante pas comme lui et ne répond, pour ainsi dire, que par monosyllabes ; il se nourrit des plus petites graines qu’il trouve à la campagne ; il vit longtemps en cage, et semble se plaire à côté du chardonneret ; il paraît l’écouter et en emprunter des accents qu’il emploie agréablement pour varier son ramage[4]. Il se trouve non seulement en Provence, mais encore en Dauphiné, dans le Lyonnais[5], en Bugey, à Genève, en Suisse, en Allemagne, en Italie, en Espagne. C’est le même oiseau qu’on connaît en Bourgogne sous le nom de serin ; il fait son nid sur les osiers plantés le long des rivières, et ce nid est composé de crin et de poil à l’intérieur, et de mousse

  1. Les anciens Grecs appelaient cet oiseau Τραυπίς ; les Grecs modernes, Σπίνιδυα (suivant Belon). Les Turcs le nomment sare ; les Catalans gaffaru ; dans quelques endroits de l’Italie, luguarinera, beagana, raverin ; aux environs de Rome, verzellino ; dans le Boulonais, vidarinο ; à Naples, lequilla ; à Gênes, scarino ; dans le Trentin, citrinella ; en Allemagne, citrynle ou zytrinle ; à Vienne, citril.
  2. Extrait d’un mémoire qui accompagnait un envoi considérable d’oiseaux qui m’a été fait par M. Guys, de l’Académie de Marseille, homme de lettres, connu par plusieurs bons ouvrages et particulièrement par son Voyage en Grèce.
  3. Voyez les Amusements innocents ou le Parfait oiseleur, p. 42.
  4. Extrait du Mémoire précédent de M. Guys.
  5. J’ai vu dans la campagne, en Bugey et aux environs de Lyon, des oiseaux assez semblables à des serins de Canarie : on les y appelait signis ou cignis ; j’en ai vu aussi à Genève dans des cages, et leur ramage ne me parut pas fort agréable ; je crois qu’on les appelle, à Paris, serins de Suisse. Note donnée par M. Hébert, receveur général à Dijon.

    « L’on vante beaucoup (dit le Parfait oiseleur, p. 47) les serins d’Allemagne ; ils surpassent ceux de Canarie par leur beauté et leur chant. Ils ne sont jamais sujets à s’engraisser, la grande vigueur et la longueur de leur ramage étant, à ce qu’on prétend, un obstacle à ce qu’ils deviennent gras. On les élève dans des cages ou dans des chambres préparées et exposées au levant ; ils y couvent trois fois l’année, depuis le mois d’avril jusqu’au mois d’août. » Ceci n’est pas exact en tout, car le chant de ces serins d’Allemagne qui sont les mêmes que ceux de Suisse ou de Provence, quoique fort et perçant, n’approche pas pour la douceur et l’agrément de celui des serins de Canarie.

  1. Serinus citrinellus (Fringilla citrinella L.) [Note de Wikisource : actuellement Carduelis citrinella Pallas, vulgairement venturon montagnard].
  2. Fringilla Serinus L. [Note de Wikisource : actuellement Serinus serinus Linnæus, vulgairement serin cini].