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LE SERIN DES CANARIES[1]


Si le rossignol est le chantre des bois, le serin[NdÉ 1] est le musicien de la chambre ; le premier tient tout de la nature, le second participe à nos arts ; avec moins de force d’organe, moins d’étendue dans la voix, moins de variété dans les sons, le serin a plus d’oreille, plus de facilité d’imitation[2], plus de mémoire ; et comme la différence du caractère (surtout dans les animaux) tient de très près à celle qui se trouve entre leur sens, le serin, dont l’ouïe est plus attentive, plus susceptible de recevoir et de conserver les impressions étrangères, devient aussi plus social, plus doux, plus familier ; il est capable de connaissance et même d’attachement[3] ; ses caresses sont aimables, ses petits dépits innocents, et sa colère ne blesse ni n’offense : ses habitudes naturelles le rapprochent encore de nous, il se nourrit de graines comme nos autres oiseaux domestiques ; on l’élève plus aisément que le rossignol, qui ne vit que de chair ou d’insectes, et qu’on ne peut nourrir que de mets préparés. Son éducation, plus facile, est aussi plus heureuse : on l’élève avec plaisir, parce qu’on l’instruit avec succès ; il quitte la mélodie

  1. Le serin des îles Canaries, passer canarius. Aldrov., Avi., t. II, p. 814 ; la figure n’est pas bonne. — Passera di Canaria. Olina, p. 7 ; la figure est assez bonne. — Serin des Canaries. Albin, t. Ier, p. 57 ; la figure est mal coloriée. — Passer canariensis, canarie-vogel, Frisch, tab. xii ; les figures de cet oiseau et de quelques-unes de ses variétés sont exactes et assez bien coloriées. — « Passer in toto corpore citrinus, remigibus, rectricibusque lateralibus interiùs et subtus albis… », Serinus canariensis, le serin des Canaries. Brisson, Ornithol., t. III, p. 184. — Voyez nos planches enluminées, no 202, fig. 1.
  2. Le serin apprend à parler et il nomme plusieurs petites choses très distinctement Au moyen d’un flageolet il apprend deux ou trois airs qu’il chante dans leur ton naturel en gardant toujours la mesure, etc. Traité des serins des Canaries, par M. Hervieux, in-12. Paris, 1713, pages 3 et 4. — Un serin, placé encore jeune fort près de mon bureau, y avait pris un singulier ramage ; il contrefaisait le bruit que l’on fait en comptant des écus. Note communiquée par M. Hébert, receveur général à Dijon.
  3. Il devient si familier, si caressant qu’il vient baiser et becqueter mille et mille fois son maître, et qu’il ne manque pas de revenir à sa voix lorsqu’il l’appelle. Traité des serins, par M. Hervieux, p. 3.
  1. Serinus canarius (Fringilla canaria L.) [Note de Wikisource : actuellement Serinus canaria Linnæus, vulgairement serin des Canaries]. — Les Serins (Serinus) sont des Passereaux caractérisés par un bec court, gros, tronqué au sommet, des pattes courtes et faibles, des ailes grandes et pointues, une queue échancrée, un plumage dans lequel dominent le jaune et le vert. [Note de Wikisource : Les oiseaux appelés serins ne sont plus tous regroupés dans le genre Serinus des serins vrais. Les serins vrais sont un groupe frère de celui formé par les chardonnerets d’Amérique, les tarins et le serin du Tibet ; les autres oiseaux nommés serins sont soit plus proches des chardonnerets d’Europe (genre Chrysocorythrus) soit des linurges (genre Crithagra). Ces genres sont cependant étroitement apparentés, et appartiennent tous à la famille des Fringillidés.]