Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment ensemble jusqu’au retour de la saison des amours, où chacun se sépare pour suivre sa femelle. Quoique ces oiseaux restent également et constamment dans notre climat pendant toute l’année, il paraît néanmoins qu’ils craignent le froid des pays plus septentrionaux, car Linnæus n’en parle pas dans son énumération des oiseaux de Suède. Ils ne sont que de passage en Allemagne[1] ; ils ne s’y réunissent pas en troupe, et y arrivent un à un[2]. Enfin ce qui paraît confirmer ce que nous venons de présumer, c’est qu’on trouve assez souvent de ces oiseaux morts de froid dans des creux d’arbres lorsque l’hiver est rigoureux. Ils vivent non seulement de grains et graines de toute espèce, mais encore de mouches et d’autres insectes ; ils aiment la société de leurs semblables et les appellent dès qu’ils trouvent abondance de nourriture, et comme ils sont presque toujours en grandes bandes, ils ne laissent pas de faire beaucoup de tort dans les terres nouvellement ensemencées : on a de la peine à les chasser ou à les détruire, car ils participent de l’instinct et de la défiance du moineau domestique ; ils reconnaissent les pièges, les gluaux, les trébuchets, mais on les prend en grand nombre avec des filets.


OISEAUX ÉTRANGERS
QUI ONT RAPPORT À LA SOULCIE

I.Le soulciet.

La première espèce étrangère qui nous paraît voisine de celle de la soulcie, au point de n’en être qu’une variété, s’il est possible que cet oiseau ait passé d’un continent à l’autre, c’est celui qui est représenté dans nos planches enluminées, no 223, fig. 2, sous la dénomination de moineau du Canada[3], et que nous avons appelé le soulciet[NdÉ 1] parce qu’il est un peu plus petit que la soulcie, comme tous les autres animaux du nouveau continent qui sont, dans la même espèce, moins grands que ceux de l’ancien.

  1. Cet oiseau n’était point ou presque point connu ci-devant en Lorraine ; mais depuis quelques années il y est devenu très commun. Note communiquée par M. Lottinger.
  2. Frisch, à l’article de la pl. 3.
  3. M. Brisson a indiqué le premier cet oiseau sous cette même dénomination de moineau de Canada, Ornithologie, t. III, p. 102.
  1. Fringilla canadensis Gmel. [Note de Wikisource : actuellement Spizelloides arborea Wilson, vulgairement bruant hudsonien, de la famille des Passerélidés].