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répandue des pays tempérés dans les pays plus chauds, et non pas dans les climats froids, car on ne la trouve point en Suède ; mais je suis surpris que M. Salerne dise que cet oiseau ne se voit ni en Allemagne ni en Angleterre, puisque les naturalistes allemands et anglais en ont donné des descriptions et la figure. M. Frisch prétend même que le friquet et le serin de Canarie peuvent s’unir et produire ensemble une race bâtarde, et qu’on en a fait l’épreuve en Allemagne[1].

Au reste, le friquet, quoique plus remuant, est cependant moins pétulant, moins familier, moins gourmand que le moineau ; c’est un oiseau plus innocent et qui ne fait pas grand tort aux grains ; il préfère les fruits, les graines sauvages, telles que celles des chardons, sur lesquels il se pose volontiers, et mange aussi des insectes ; il fuit le séjour et la rencontre du moineau, qui est plus fort et plus méchant que lui. On peut l’élever en cage et l’y nourrir comme le chardonneret, il vit cinq ou six ans : son chant est assez peu de chose, mais tout différent de la voix désagréable du moineau. On a observé que, quoiqu’il soit plus doux que le moineau, il n’est cependant pas aussi docile, et cela vient de son naturel, qui l’éloigne de l’homme, et qui, pour être un peu plus sauvage, n’en est peut-être que meilleur.


OISEAUX ÉTRANGERS
QUI ONT RAPPORT AU FRIQUET

L’oiseau qu’on appelle le passereau sauvage en Provence nous paraît être une simple variété du friquet. Son chant (dit M. Guys) ne finit point comme il commence, et n’est pas le même que celui du moineau. Il ajoute que cet oiseau très farouche cache sa tête entre des pierres, laissant le reste du corps à découvert, et croit se mettre à l’abri des attaques par cette précaution. Il se nourrit de graines à la campagne, et il y a des années où il est très rare en Provence.

Mais outre cet oiseau et les autres variétés de cette espèce qui se trouvent dans nos climats, et que nous avons indiquées d’après les nomenclateurs, sous les noms de moineau de montagne, moineau à collier et moineau fou, il s’en trouve d’autres dans des climats éloignés.

I.Le passe-vert.

Le premier de ces oiseaux étrangers, qu’on peut rapporter au friquet comme variété, ou du moins comme espèce très voisine de la sienne, est

  1. Frisch, à l’article passer silvestris, pl. 7.