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antérieure de la tête et la gorge blanches, le reste de la tête, le cou, le dessus du corps et même le dessous, d’un gris plus ou moins rougeâtre ; mais la teinte est plus forte sur la poitrine[1] et les petites couvertures supérieures des ailes ; les pennes des ailes et de la queue sont noires ; la queue est un tant soit peu fourchue, assez longue, et dépasse l’extrémité des ailes repliées des deux tiers de sa longueur.

Cet oiseau vole en troupes : il est familier et vient chercher les grains jusqu’aux portes des granges. Il est aussi commun dans la partie de la Barbarie située au sud du royaume de Tunis, que les moineaux le sont en France, mais il chante beaucoup mieux, s’il est vrai, comme l’avance M. Shaw, que son ramage soit préférable à celui des serins et des rossignols[2]. C’est dommage qu’il soit trop délicat pour être transporté loin de son pays natal : du moins, toutes tentatives qu’on a faites jusqu’ici pour nous l’amener vivant ont été infructueuses.


LE FRIQUET[3]

Cet oiseau[NdÉ 1] est certainement d’une espèce différente de celle du moineau, et par conséquent ne doit pas en porter le nom. Quoique habitants du même climat et des mêmes terres, ils ne se mêlent point ensemble et la plupart de leurs habitudes naturelles sont toutes différentes. Le moineau ne quitte pas nos maisons, se pose sur nos murailles et sur nos toits, y niche et s’y nourrit. Le friquet ne s’en approche guère, se tient à la campagne, fréquente les bords des chemins, se pose sur les arbustes et les plantes basses, et établit son nid dans des crevasses, dans des trous à peu de distance de terre : on prétend qu’il niche aussi dans les bois et dans les creux d’arbres, cependant je n’en ai jamais vu dans les bois qu’en passant ; ce sont les campagnes ouvertes et les plaines qu’ils habitent de préférence. Le moineau a le vol pesant et toujours assez court ; il ne peut aussi marcher qu’en sautillant assez lentement et de mauvaise grâce, au

  1. M. Shaw parle de quelques reflets qu’il a aperçus sur la poitrine. Travels, p. 253.
  2. J’aurais été tenté à cause du joli ramage de cet oiseau de le ranger avec les serins, mais M. le chevalier Bruce qui l’a beaucoup vu, et à qui j’ai fait part de mon idée, a persisté dans l’opinion où il était qu’on devait le rapporter aux moineaux.
  3. Friquet, Belon, Hist. des oiseaux, p. 363… — Moineau à tête rouge, Albin, t. III, p. 28, avec une figure, pl. 65… Moineau de montagne, idem, ib., 66. — La figure, pl. 65, représente le mâle ; et la figure, pl. 66, nous paraît représenter ou la femelle ou une variété et non pas une espèce différente. — Passer sylvestris, Frisch, pl. 7, avec une bonne figure coloriée. — Le moineau de campagne ou le friquet, Brisson, t. III, p. 82… Le moineau à collier, idem, ibid., p. 85… Le moineau de montagne, idem, ibid., p. 79.
  1. Passer montanus (Fringilla montana L.) [Note de Wikisource : actuellement Passer montanus Linnæus, vulgairement moineau friquet].