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des idées ; car toutes les fois que dans une méthode l’on nous présente, comme ici, soixante ou quatre-vingts espèces sous le même genre, et sous une dénomination commune, il n’en faut pas davantage pour juger non seulement de la très grande imperfection de cette méthode, mais encore de son mauvais effet, puisqu’elle confond les choses au lieu de les démêler, et que bien loin de porter la lumière sur les objets, elle rassemble à l’entour des nuages et des ténèbres.

Notre moineau est assez connu de tout le monde pour n’avoir pas besoin de description ; cependant nous l’avons fait représenter dans les planches enluminées, nos 6 et 55, pour faire voir les différences de l’âge. Le no 6, fig. 1, représente le moineau adulte qui a subi ses mues ; et le no 55, fig. 1, le jeune moineau avant sa première mue. Ce changement de couleur dans le plumage et dans les coins de l’ouverture du bec est général et constant ; mais il y a dans cette même espèce des variétés particulières et accidentelles ; car on trouve quelquefois des moineaux blancs, d’autres variés de brun et de blanc, d’autres presque tout noirs[1], et d’autres jaunes[2]. Les femelles ne diffèrent des mâles qu’en ce qu’elles sont un peu plus petites et que leurs couleurs sont plus faibles[NdÉ 1].

Indépendamment de ces premières variétés, dont les unes sont générales et les autres particulières, et qui se trouvent toutes dans nos climats, il y en a d’autres dans des climats plus éloignés qui semblent prouver que l’espèce est répandue du nord au midi dans notre continent depuis la Suède[3] jusqu’en Égypte[4], au Sénégal, etc. Nous ferons mention de ces variétés à l’article des oiseaux étrangers qui ont rapport à notre moineau.

Mais, dans quelque contrée qu’il habite, on ne le trouve jamais dans les lieux déserts ni même dans ceux qui sont éloignés du séjour de l’homme ; les moineaux sont, comme les rats, attachés à nos habitations ; ils ne se

  1. Il se trouve en Lorraine des moineaux noirs, mais ce sont certainement des moineaux ordinaires, lesquels, se tenant habituellement dans les halles des verreries qui sont répandues en grand nombre au pied des montagnes, s’y font enfumer. M. le docteur Lottinger se trouvant dans une de ces verreries, vit une troupe de moineaux ordinaires parmi lesquels il y en avait de plus ou moins noirs ; un ancien du lieu lui dit qu’ils le devenaient quelquefois dans les halles de cette verrerie au point d’être tout à fait méconnaissables.
  2. Aldrovande, Avi., t. II, p. 556 et 557.
  3. Linnæus, Fauna Suecica, no 212.
  4. Prosper Alpin, Ægypti, t. Ier, p. 197.
  1. Brehm assigne au Moineau domestique les caractères suivants : « Les vieux mâles ont la tête gris-bleu au sommet, brun-châtain sur les côtés, le dos couleur rouille, avec des raies noires longitudinales ; deux bandes transversales, l’une large, blanche, l’autre étroite, d’un jaune rouille, ornent les ailes ; les joues sont d’un blanc gris, la gorge est noire ; la face inférieure du corps d’un gris blanchâtre ; au-dessus des yeux est une bande jaune clair. Les jeunes, avant leur première mue, ont le plumage de leur mère. Le bec, chez le mâle adulte, est noir en été, couleur de corne en hiver ; les pattes sont grises et l’iris est brun. Le mâle a de 16 à 17 centimètres de long, et de 25 à 26 centimètres d’envergure ; la femelle est un peu plus petite. »