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donné le nom de dur-bec, parce qu’il paraît avoir le bec plus dur, plus court et plus fort à proportion que les autres gros-becs : il lui fallait nécessairement un nom particulier, parce que l’espèce est certainement différente, non seulement de celle du gros-bec d’Europe, mais encore de toutes celles des gros-becs d’Amérique ou des autres climats. C’est un bel oiseau rouge de la grosseur de notre gros-bec, avec une plus longue queue, et qu’il sera toujours aisé de distinguer de tous les autres oiseaux par la seule inspection de sa figure coloriée. La femelle a seulement un peu de rougeâtre sur la tête et le croupion, et une légère teinte couleur de rose sur la partie inférieure du corps. Salerne dit[1] qu’au Canada on appelle cet oiseau bouvreuil. Ce nom n’a pas été mal appliqué, car il a peut-être plus d’affinité avec les bouvreuils qu’avec les gros-becs ; les habitants de cette partie de l’Amérique pourraient nous en instruire par une observation bien simple, c’est de remarquer si cet oiseau siffle comme le bouvreuil presque continuellement, ou s’il est presque muet comme le gros-bec.

IV.Le cardinal huppé[2].

L’oiseau des climats tempérés de l’Amérique, représenté dans les planches enluminées, no 37, sous la dénomination de gros-bec de Virginie, appelé aussi cardinal huppé[NdÉ 1], et auquel nous conserverons ce dernier nom, parce qu’il exprime en même temps deux caractères, savoir : la couleur et la huppe. Cette espèce approche assez de la précédente, c’est-à-dire de celle du dur-bec ; il est de la même grosseur et en grande partie de la même couleur ; il a le bec aussi fort, la queue de la même longueur, et il est à peu près du même climat. On pourrait donc, s’il n’avait pas une huppe, le regarder comme une variété dans cette belle espèce. Le mâle a les couleurs beaucoup plus vives que la femelle, dont le plumage n’est pas rouge, mais seulement d’un brun rougeâtre ; son bec est aussi d’un rouge bien plus pâle, mais tous deux ont la huppe. Ils peuvent la remuer à volonté et la remuent très souvent. Je placerais volontiers cet oiseau avec les bouvreuils ou avec les pinsons plutôt qu’avec les gros-becs, parce qu’il chante très bien, au lieu que les gros-becs ne chantent pas[3]. M. Salerne dit que le

    de Linnæus, édit. X. M. Brisson croit que cet oiseau prend ses belles couleurs rouges avec l’âge (t. VI, p. 87), et M. Linnæus dit au contraire qu’il est rouge dans le premier âge et qu’il devient jaune en vieillissant (Syst. nat., p. 171).

  1. Ornithologie, p. 272.
  2. Coccothraustes indica cristata, Aldrov., Avi., t. II, p. 647. — Rouge gros-bec ou rossignol de Virginie, Albin, t. Ier, p. 51, avec la figure du mâle, pl. 57 ; et celle de la femelle, t. III, pl. 61. — Cardinal, Catesby, Histoire naturelle de la Caroline, t. Ier, p. 38, avec une très bonne figure coloriée. — « Enucleator indicus ; Luscinia virginiana ; Coccothraustes cristata », Frisch, tab. 4, avec une bonne figure. — Gros-bec de Virginie, Brisson, t. III, p. 253.
  3. Salerne, Ornithologie, p. 255.
  1. Loxia cardinalis L. [Note de Wikisource : actuellement Cardinalis cardinalis Linnæus, vulgairement cardinal rouge ; même remarque que pour le no II].