Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Réaumur de Canada, où on lui a donné le nom de récollet[1], à cause de quelque similitude observée entre sa huppe et le froc d’un moine[2]. Du Canada il a pu facilement se répandre et il s’est répandu du côté du Sud. Catesby l’a décrit parmi les oiseaux de la Caroline ; Fernandez l’a vu dans le Mexique aux environs de Tezcuco[3], et j’en ai observé un qui avait été envoyé de Cayenne[NdÉ 1]. Cet oiseau ne pèse qu’une once selon Catesby ; il a une huppe pyramidale lorsqu’elle est relevée, le bec noir et à large ouverture, les yeux placés sur une bande de même couleur, séparée du fond par deux traits blancs, l’extrémité de la queue bordée d’un jaune éclatant ; le dessus de la tête, la gorge, le cou et le dos d’une couleur de noisette vineuse plus ou moins foncée ; les couvertures et les pennes des ailes, le bas du dos, le croupion et une grande partie de la queue de différentes teintes de cendré, la poitrine blanchâtre ainsi que les couvertures inférieures de la queue ; le ventre et les flancs d’un jaune pâle[4]. Il paraît, d’après cette description et d’après les mesures prises, que ce jaseur américain est un peu plus petit que celui d’Europe, qu’il a les ailes moins émaillées et d’une couleur un peu plus rembrunie, enfin que ces mêmes ailes ne s’étendent pas aussi loin par rapport à la queue ; mais c’est évidemment le même oiseau que notre jaseur, et il a comme lui sept ou huit des pennes moyennes de l’aile terminées par ces petits appendices rouges qui caractérisent cette espèce. M. Brooke, chirurgien dans le Maryland, a assuré à M. Edwards que les femelles étaient privées de ces appendices, et qu’elles n’avaient pas les couleurs du plumage aussi brillantes que les mâles ; le jaseur de Cayenne que j’ai observé n’avait pas, en effet, ces même appendices, et j’ai aussi remarqué quelques légères différences dans son plumage, dont les couleurs étaient un peu moins vives, comme c’est l’ordinaire dans les femelles.


  1. C’est le chaterer de Catesby (pl. 46) et d’Edwards (pl. 242), le caquantototl de Fernandez (cap. ccxv) ; en allemand, grauer seiden-schwantz.
  2. Oiseaux de Salerne, p. 253.
  3. Il dit qu’il se plaît dans les montagnes, qu’il vit de petites graines, que son chant n’a rien de remarquable, et que sa chair est un manger médiocre.
  4. Voyez l’Ornithologie de M. Brisson, t. II, p. 337.
  1. Le Jaseur d’Europe existe en Amérique, mais il y est moins abondant que le Bombycilla Cedrorum. Dans le nord de l’Asie il est remplacé par une autre espèce, le B. phænicoptera. [Note de Wikisource : Le Bombycilla cedrorum Vieillot est appelé vulgairement jaseur d’Amérique ou jaseur des cèdres. L’espèce asiatique est actuellement dénommée Bombycilla japonica Siebold, vulgairement jaseur du Japon.]