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à-dire qu’il faut le voir voler, mais le voir d’un peu près. Ses yeux, qui sont d’un beau rouge, brillent d’un éclat singulier au milieu de la bande noire sur laquelle ils sont placés ; ce noir s’étend sous la gorge et tout autour du bec ; la couleur vineuse plus ou moins foncée de la tête, du cou, du dos et de la poitrine, et la couleur cendrée du croupion sont entourées d’un cadre émaillé de blanc, de jaune et de rouge, formé par les différentes taches des ailes et de la queue : celle-ci est cendrée à son origine, noirâtre dans sa partie moyenne et jaune à son extrémité ; les pennes des ailes sont noirâtres, les troisième et quatrième marquées de blanc vers la pointe, les cinq suivantes marquées de jaune, toutes les moyennes de blanc, et la plupart de celles-ci terminées par ces larmes plates de couleur rouge dont j’ai parlé au commencement de cet article. Le bec et les pieds sont noirs et plus courts à proportion que dans le merle. La longueur totale de l’oiseau est, selon M. Brisson, de sept pouces un quart, sa queue de deux un quart, son bec de neuf lignes, ainsi que son pied, et son vol de treize pouces. Pour moi, j’en ai observé un qui avait toutes les dimensions plus fortes : peut-être que cette différence de grandeur n’indique qu’une variété d’âge ou de sexe, ou peut-être une simple variété individuelle.

J’ignore quelle est la livrée des jeunes, mais Aldrovande nous apprend que le bord de la queue est d’un jaune moins vif dans les femelles, et qu’elles ont sur les pennes moyennes des ailes des marques blanchâtres et non pas jaunes comme elles sont dans les mâles : il ajoute une chose difficile à croire, quoiqu’il l’atteste d’après sa propre observation, c’est que, dans les femelles la queue est composée de douze pennes, au lieu que, selon lui, elle n’en a que dix dans les mâles. Il est plus aisé, plus naturel de croire que le mâle ou les mâles observés par Aldrovande avaient perdu deux de ces pennes.


VARIÉTÉ DU JASEUR

On a dû remarquer, en comparant les dimensions relatives du jaseur, qu’il avait beaucoup plus de vol à proportion que notre merle et nos grives. De plus, Aldrovande[1] a observé qu’il avait le sternum conformé de la manière la plus avantageuse pour fendre l’air et seconder l’action des ailes ; on ne doit donc pas être surpris s’il entreprend quelquefois de si longs voyages dans notre Europe ; et comme d’ailleurs il passe l’été dans les pays septentrionaux, on doit naturellement s’attendre à le retrouver en Amérique ; aussi l’y a-t-on trouvé en effet. Il en était venu plusieurs à M. de 

  1. Ornithologia, t. Ier, p. 800.