Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/702

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(La mise en forme du sous-titre Variété, etc. a été rendue plus conforme au cas des autres articles analogues.)

Variété de l’yapou.

Le cassique rouge du Brésil ou le jupuba.[1]

Ce nom[NdÉ 1] est l’un de ceux que Marcgrave donne à l’yapou, et je l’applique au cassique rouge de M. Brisson, parce qu’il lui ressemble exactement dans les points essentiels : mêmes proportions, même grosseur, même physionomie, même bec, mêmes pieds, même noir foncé sur la plus grande partie du plumage ; il est vrai que la moitié inférieure du dos est rouge au lieu d’être jaune, et que le dessous du corps et de la queue est noir en entier ; mais cette différence ne peut guère être un caractère spécifique dans une espèce surtout où les couleurs sont très variables, comme nous avons eu occasion de le remarquer plus haut ; d’ailleurs, le jaune et le rouge sont des couleurs voisines, analogues, sujettes à se mêler, à se fondre ensemble dans l’orangé, qui est la couleur intermédiaire, ou à se remplacer réciproquement, et cela par la seule différence du sexe, de l’âge, du climat ou de la saison.

Ces oiseaux ont environ douze pouces de longueur, dix-sept pouces de vol, la langue fourchue et bleuâtre, les deux pièces du bec recourbées également en bas, la première phalange du doigt extérieur de chaque pied unie et comme soudée à celle du doigt du milieu, la queue composée de douze pennes, et le fond des plumes blanc, tant sous le noir que sous le jaune du plumage.

Ils construisent leurs nids de feuilles de gramen entrelacées avec des crins de cheval et des soies de cochon, ou avec des productions végétales qu’on a prises pour des crins d’animaux ; ils leur donnent la forme d’une cucurbite étroite surmontée de son alambic : ces nids sont bruns au dehors, leur longueur totale est d’environ dix-huit pouces, mais la cavité intérieure n’est que d’un pied ; la partie supérieure est pleine et massive sur la longueur d’un demi-pied, et c’est par là que ces oiseaux les suspendent à l’extrémité des petites branches. On a vu quelquefois quatre cents de ces nids sur un seul arbre, de ceux que les Brésiliens appellent uti ; et comme les yapous pondent trois fois l’année, on peut juger de leur prodigieuse multiplication. Cette habitude de nicher ainsi en société sur un même arbre est un trait de conformité qu’ils ont avec nos choucas.


  1. Voyez l’Ornithologie de Brisson, t. II, p. 98.
  1. Cassicus hæmorrhous Daud. [Note de Wikisource : actuellement Cacicus haemorrhous Linnæus, vulgairement cassique cul-rouge].