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LE XOCHITOL ET LE COSTOTOL[NdÉ 1]

M. Brisson fait sa dixième espèce, ou son troupiale de la Nouvelle-Espagne[1], du xochitol de Fernandez, chap. cxxii, que celui-ci dit n’être autre chose que le costotol adulte. Or, il fait mention de deux costotols, l’un au chap. xxviii, l’autre au chap. cxliii, et tous deux se ressemblent assez ; mais s’ils différaient à un certain point, il faudrait nécessairement appliquer ce que dit ici Fernandez au costotol du chap. xxviii, puisque c’est au chap. cxxii qu’il en parle comme d’un oiseau dont il a déjà été question, et que l’autre costotol est, comme nous l’avons dit, du chap. cxliii.

Maintenant, si l’on compare la description du xochitol du chap. cxxii à celle du costotol du chap. xxviii, on y trouvera des contradictions qui ne seront pas faciles à concilier : en effet, comment le costotol, qui, étant déjà assez formé pour avoir son chant, n’est alors que de la grosseur d’un serin de Canarie, peut-il parvenir dans la suite à celle de l’étourneau ? Comment cet oiseau, qui étant encore jeune, ou si l’on veut n’étant encore que costotol, a le ramage agréable du chardonneret, peut-il, étant devenu xochitol, n’avoir plus que le cri rebutant de la pie, sans parler de la grande et trop grande différence qui se trouve entre les plumages ; car le costotol a la tête et le dessous du corps jaunes, et le xochitol du chap. cxxii a ces mêmes parties noires ; celui-là a les ailes jaunes terminées de noir, celui-ci les a variées de noir et de blanc par-dessus et cendrées par-dessous, sans une seule plume jaune.

Or, toutes ces contradictions s’évanouissent si, au xochitol du chap. cxxii, on substitue le xochitol ou l’oiseau fleuri du chap. cxxv. Les grosseurs se rapprochent, puisqu’il n’est que de celle d’un moineau ; il a le ramage agréable comme le costotol ; le jaune de celui-ci se trouve mêlé avec les autres couleurs qui varient le plumage de celui-là ; ils sont tous deux un bon manger, et de plus le xochitol présente deux traits de conformité avec les troupiales, car il vit comme eux d’insectes et de graines, et il suspend son nid à l’extrémité des petites branches. La seule différence qu’on peut remarquer entre le xochitol du chap. cxxv et le costotol, c’est que celui-ci se trouve dans les pays chauds, au lieu que l’autre habite indifféremment tous les climats ; mais n’est-il pas naturel de penser que les xochitols viennent nicher dans les pays chauds, où par conséquent leurs petits, c’est-à-dire les jeunes costotols, restent jusqu’à ce qu’étant devenus plus grands, c’est-à-dire xochitols, ils soient en état de suivre leurs père et mère dans des pays plus froids. Le

  1. Ornithologie, t. II, p. 95.
  1. Icterus Costotol Daud. C’est peut-être la même espèce que l’Acolchi de Seba. [Note de Wikisource : Les derniers travaux sur l’œuvre de Fernandez l’identifient à l’actuel Icterus galbula Linnæus, vulgairement oriole de Baltimore, ou à l’actuel Icterus abeillei Lesson, vulgairement oriole d’Abeillé, oiseau parfois considéré comme sous-espèce de la précédente.]