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L’ÉTOURNEAU[1]


Il est peu d’oiseaux aussi généralement connus que celui-ci[NdÉ 1], surtout dans nos climats tempérés ; car, outre qu’il passe toute l’année dans le canton qui l’a vu naître sans jamais voyager au loin[2], la facilité qu’on trouve à le priver et à lui donner une sorte d’éducation fait qu’on en nourrit beaucoup en cage, et qu’on est dans le cas de les voir souvent et de fort près, en sorte qu’on a des occasions sans nombre d’observer leurs habitudes et d’étudier leurs mœurs dans l’état de domesticité comme dans l’état de nature.

Les merles sont de tous les oiseaux ceux avec qui l’étourneau a le plus de rapport ; les jeunes de l’une et de l’autre espèce se ressemblent même si parfaitement qu’on a peine à les distinguer[3]. Mais lorsque avec le temps

    pondants eussent le même zèle et le même goût pour l’histoire naturelle que M. Sonnerat, et que celui-ci, renchérissant encore sur lui-même, se mît en état de joindre à la peau de chaque animal une notice exacte de ses habitudes et de ses mœurs.

  1. Polydore Virgile prétend que cet oiseau, appelé sterlyng en anglais, a donné son nom à la livre numéraire anglaise, dite sterling ; il aurait pu faire venir tout aussi naturellement du mot français étourneau notre livre tournois ; mais il est constant que ce mot tournois est formé du mot Tours, nom d’une ville de France, et il est probable que le mot sterling est formé du nom d’une ville d’Écosse, appelée Stirling.
  2. Il paraît que dans des climats plus froids, tels que la Suède et la Suisse, ils sont moins sédentaires et deviennent oiseaux de passage : « Discedit post mediam æstatem in Scaniam campestrem », dit M. Linnæus, Fauna Suecica, p. 70. « Cùm abeunt e nostrâ regione », dit Gesner, p. 745, De Avibus.
  3. Voyez Belon, p. 322, Nature des oiseaux. — Cette ressemblance entre les jeunes merles et les jeunes étourneaux est telle, que j’ai vu un procès véritable, une instance juridique entre deux particuliers, dont l’un réclamait un étourneau ou sansonnet qu’il prétendait avoir mis en pension chez l’autre pour lui apprendre à parler, siffler, chanter, etc., et l’autre représentait un merle fort bien élevé, et réclamait son salaire, prétendant en effet n’avoir reçu qu’un merle.
  1. Sturnus vulgaris L. [Note de Wikisource : toujours actuellement Sturnus vulgaris Linnæus, vulgairement étourneau sansonnet]. — Les Étourneaux sont des Dentirostres de la famille des Sturnidés. Cette famille est composée d’oiseaux de taille moyenne, chanteurs, à bec fort, droit, un peu recourbé, mousse à l’extrémité, dépourvu de soies à la base de la mâchoire inférieure ; à queue courte ; à ailes longues, pourvues de dix rémiges primaires ; à pattes de hauteur moyenne, assez fortes ; à plumage dru, richement coloré. Les Sturnidés vivent en société ; ils sont de grands destructeurs des insectes nuisibles.

    « Le plumage de l’Étourneau vulgaire varie avec l’âge et la saison. Au printemps, le mâle adulte est noir, à reflets verts ou pourpres ; cette couleur paraît moins foncée aux ailes et à la queue, dont les pennes sont largement bordées de gris. Quelques plumes du dos sont marquées à leur extrémité d’une tache gris jaunâtre. L’œil est brun, le bec noir les pattes sont d’un brun rouge. En automne, après la mue, ce plumage est tout différent ; toutes les plumes de la nuque, de la partie postérieure du dos et de la poitrine ont leur extrémité blanche, ce qui fait paraître l’oiseau comme ponctué de blanc ; le bec est aussi plus foncé. La femelle ressemble beaucoup au mâle, mais son plumage de printemps est plus fortement piqueté de blanc. Les jeunes sont d’un gris brun foncé par tout le corps, avec les joues un peu plus claires ; ils ont le bec gris noir, les pattes gris brun. » (Brehm.)