L’OISEAU DE PARADIS
Cette espèce[NdÉ 1] est plus célèbre par les qualités fausses et imaginaires qui lui ont été attribuées que par ses propriétés réelles et vraiment remarquables. Le nom d’oiseau de Paradis fait naître encore dans la plupart des têtes l’idée d’un oiseau qui n’a point de pieds, qui vole toujours, même en dormant, ou se suspend tout au plus pour quelques instants aux branches des arbres, par le moyen des longs filets de sa queue[1] ; qui vole en s’accouplant, comme font certains insectes, et de plus en pondant et en couvant ses œufs[2], ce qui n’a point d’exemple dans la nature ; qui ne vit que de vapeurs et de rosée ; qui a la cavité de l’abdomen uniquement remplie de graisse au lieu d’estomac et d’intestins[3], lesquels lui seraient en effet inutiles par la supposition, puisque, ne mangeant rien, il n’aurait rien à digérer ni à évacuer ; en un mot, qui n’a d’autre existence que le mouvement, d’autre élément que l’air, qui s’y soutient toujours tant qu’il respire, comme les poissons se soutiennent dans l’eau, et qui ne touche la terre qu’après sa mort[4].
- ↑ Voyez Acosta, Hist. naturelle et morale des Indes orientales et occidentales, p. 196.
- ↑ On a cru rendre la chose plus vraisemblable en disant que le mâle avait sur le dos une cavité dans laquelle la femelle déposait ses œufs, et les couvait au moyen d’une autre cavité correspondante qu’elle avait dans l’abdomen, et que, pour assurer la situation de la couveuse, ils s’entrelaçaient par leurs longs filets. D’autres ont dit qu’ils nichaient dans le Paradis terrestre, d’où leur est venu le nom d’oiseaux de Paradis. Voyez Musæum Wormianum, p. 294.
- ↑ Voyez Aldrovande, Ornithologia, t. Ier, p. 820.
- ↑ Les Indiens disent qu’on les trouve toujours le bec fiché en terre… Navigations aux terres australes, t. II, p. 252. Et en effet, conformés comme ils sont, ils doivent toujours tomber le bec le premier.
- ↑ Paradisæa apoda L. [Note de Wikisource : actuellement Paradisaea apoda Linnæus, vulgairement paradisier grand-émeraude]. — L’oiseau de Paradis appartient à l’ordre des Dentirostres et à la famille des Paradiséidés, caractérisée par un bec comprimé, droit ou légèrement recourbé ; des pieds forts et munis de gros doigts ; les rectrices moyennes, longues, filiformes, pourvues de barbes à leur extrémité seulement, et, chez le mâle, des aigrettes de plumes décomposées disposées sur les côtés du corps, au cou et à la poitrine.
Le Paradisæa apoda a 30 centimètres de long ; la « couleur dominante, chez lui, est un beau brun châtain ; le front est noir velouté, à reflets vert émeraude ; le sommet de la tête et la partie supérieure du cou sont d’un jaune citron ; la gorge est vert doré ; la partie antérieure du cou d’un brun violet ; les longues plumes des côtés sont d’un jaune orange vif, marquées de points rouges pourpre à leur extrémité. Exposées au soleil, ces parures