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VI.LE ROLLIER DE PARADIS[1].

Je place cet oiseau[NdÉ 1] entre les rolliers et les oiseaux de Paradis, comme faisant la nuance entre ces genres, parce qu’il me paraît avoir la forme des premiers, et se rapprocher des oiseaux de Paradis par la petitesse et la situation des yeux au-dessus et fort près de la commissure des deux pièces du bec, et par l’espèce de velours naturel qui recouvre la gorge et une partie de la tête. D’ailleurs, les deux longues plumes de la queue qui se trouvent quelquefois dans notre rollier d’Europe, et qui sont bien plus longues dans celui d’Angola, sont encore un trait d’analogie qui rapproche le genre du rollier de celui de l’oiseau de Paradis.

L’oiseau dont il s’agit dans cet article a le dessus du corps d’un orangé vif et brillant, le dessous d’un beau jaune ; il n’a de noir que sous la gorge, sur une partie du maniement de l’aile et sur les pennes de la queue. Les plumes qui revêtent le cou par derrière sont longues, étroites, flexibles, et retombent un peu de chaque côté sur les parties latérales du cou et de la poitrine.

On avait fait l’honneur au sujet décrit et dessiné par M. Edwards de lui arracher les pieds et les jambes, comme à un véritable oiseau de Paradis, et c’est sans doute ce qui avait engagé M. Edwards à le rapporter à cette espèce, quoiqu’il n’en eût pas les principaux caractères. Les grandes pennes de l’aile manquaient aussi, mais celles de la queue étaient complètes : il y en avait douze de couleur noire, comme j’ai dit, et terminées de jaune. M. Edwards soupçonne que les grandes pennes de l’aile devaient aussi être noires, soit parce qu’elles sont le plus souvent de la même couleur que celles de la queue, soit par cela même qu’elles manquaient dans l’individu qu’il a observé ; les marchands qui trafiquent de ces oiseaux ayant coutume, en les faisant sécher, d’arracher comme inutiles les plumes de mauvaise couleur, afin de laisser paraître les belles plumes, pour lesquelles seules ces oiseaux sont recherchés.


  1. Golden bird of Paradise. Edwards, planche 112. Remarquez que dans cette figure les grandes pennes de l’aile manquent, et que les pieds et les jambes ont été supplées par M. Edwards, le sujet qu’il a dessiné en étant absolument privé. M. Linnæus en a fait sa 5e espèce de coracias, genre 49 ; et M. Brisson son 31e troupiale, t. IV, p. 37.
  1. Oriolus aureus Gmel. [Note de Wikisource : probablement l’actuel Sericulus aureus Linnæus, vulgairement jardinier du Prince d’Orange ; cet oiseau n’est pas apparenté aux corvidés].