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toute la partie supérieure de son corps, depuis le dessus de la tête jusqu’au bout de la queue.

Il a la gorge blanche avec une teinte de rouge ; au-dessous de la gorge une espèce de hausse-col noir, et plus bas une zone rougeâtre, dont la couleur, se dégradant insensiblement, va se perdre dans le gris et le blanc qui règnent sur la partie inférieure du corps.

Les plumes du sommet de la tête sont longues, et l’oiseau les relève, quand il veut, en manière de huppe[1] : cette huppe mobile est plus grande et plus belle que dans notre geai ; elle est terminée sur le front par une sorte de bandeau noir qui, se prolongeant de part et d’autre sur un fond blanc jusqu’au chignon, va se rejoindre aux branches du hausse-col de la poitrine : ce bandeau est séparé de la base du bec supérieur par une ligne blanche formée des petites plumes qui couvrent les narines. Tout cela donne beaucoup de variété, de jeu et de caractère à la physionomie de cet oiseau.

La queue est presque aussi longue que l’oiseau même, et composée de douze pennes étagées.

M. Catesby remarque que ce geai d’Amérique a la même pétulance dans les mouvements que notre geai commun, que son cri est moins désagréable, et que la femelle ne se distingue du mâle que par ses couleurs moins vives : cela étant, la figure qu’il a donnée doit représenter une femelle[2], et celle de M. Edwards un mâle[3] ; mais l’âge de l’oiseau peut faire aussi beaucoup à la vivacité et à la perfection des couleurs.

Ce geai nous vient de la Caroline et du Canada, et il doit y être fort commun, car on en envoie souvent de ces pays-là.



LE CASSE-NOIX[4]

Cet oiseau[NdÉ 1] diffère des geais et des pies par la forme du bec, qu’il a plus droit, plus obtus et composé de deux pièces inégales ; il en diffère encore par l’instinct qui l’attache de préférence au séjour des hautes montagnes, et par son naturel moins défiant et moins rusé. Du reste, il a beaucoup de rapports avec ces deux espèces d’oiseaux, et la plupart des naturalistes, qui

  1. Je ne sais pourquoi M. Klein, qui a copié Catesby, avance que cette huppe est toujours droite et relevée. Ordo avium, p. 61.
  2. Hist. nat. de la Caroline, t. Ier, p. 15.
  3. Planche 239.
  4. C’est le casse-noix de M. Brisson, t. II, p. 59.
  1. Le Casse-noix (Nucifraga caryocatactes [Note de Wikisource : actuellement Nucifraga caryocatactes Linnæus, vulgairement cassenoix moucheté]) appartient, comme les oiseaux précédents, à la famille des Corvidés. Les Nucifraga se distinguent par un bec long, offrant une arête inférieure très marquée.