Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/636

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On ne sait rien des mœurs de cet oiseau, qui n’avait point encore paru en Europe.

III.LE GEAI BRUN DU CANADA[1].

S’il était possible de supposer que le geai eût pu passer en Amérique, je serais tenté de regarder celui-ci[NdÉ 1] comme une variété de notre espèce d’Europe, car il en a le port, la physionomie, ces plumes douces et soyeuses qui sont comme un attribut caractéristique du geai ; il n’en diffère que par sa grosseur, qui est un peu moindre, par les couleurs de son plumage, par la longueur et la forme de sa queue, qui est étagée : ces différences pourraient à toute force s’imputer à l’influence du climat ; mais notre geai a l’aile trop faible et vole trop mal pour avoir pu traverser des mers ; et, en attendant qu’une connaissance plus détaillée des mœurs du geai brun du Canada nous mette en état de porter un jugement solide sur sa nature, nous nous déterminons à le produire ici comme une espèce étrangère, analogue à notre geai et l’une de celles qui en approchent de plus près.

La dénomination de geai brun donne une idée assez juste de la couleur qui domine sur le dessus du corps ; car le dessous, ainsi que le sommet de la tête, la gorge et le devant du cou sont d’un blanc sale, et cette dernière couleur se retrouve encore à l’extrémité de la queue et des ailes. Dans l’individu que j’ai observé, le bec et les pieds étaient d’un brun foncé, le dessous du corps plus rembruni et le bec inférieur plus renflé que dans la figure[NdÉ 2] ; enfin les plumes de la gorge, se portant en avant, formaient une espèce de barbe à l’oiseau.

IV.LE GEAI DE SIBÉRIE.

Les traits d’analogie par lesquels cette nouvelle espèce[NdÉ 3] se rapproche de celle de notre geai consistent en un certain air de famille, en ce que la forme du bec et des pieds et la disposition des narines sont à peu près les mêmes, et en ce que le geai de Sibérie a sur la tête, comme le nôtre, des plumes étroites qu’il peut à son gré relever en manière de huppe.

Ses traits de dissemblance sont qu’il est plus petit, qu’il a la queue étagée, et que les couleurs de son plumage sont fort différentes, comme on pourra s’en assurer en comparant les figures enluminées qui représentent ces deux oiseaux. Les mœurs de celui de Sibérie nous sont absolument inconnues.

  1. Voyez l’Ornithologie de M. Brisson, t. II, p. 54.
  1. Corvus canadensis L. [Note de Wikisource : actuellement Perisoreus canadensis Linnæus, vulgairement mésangeai ou geai du Canada].
  2. No 530 des planches enluminées de Buffon.
  3. Corvus sibiricus L. [Note de Wikisource : actuellement Perisoreus infaustus Linnæus, sous-espèce sibericus Boddaert, vulgairement mésangeai imitateur].