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Il en diffère néanmoins par l’excès de longueur des deux pennes du milieu de la queue[1], lesquelles dépassent les latérales de huit ou dix pouces, et aussi par ses couleurs, car il a le bec et les pieds rouges, le cou bleu, avec un collier blanc, la tête de même couleur bleue, avec une tache blanche mouchetée de noir, qui s’étend depuis l’origine du bec supérieur jusqu’à la naissance du cou ; le dos tanné, le croupion jaune, les deux longues pennes de la queue de couleur bleue, avec du blanc au bout et la tige blanche, les autres pennes de la queue rayées de bleu et blanc, celles de l’aile mêlées de vert et de bleu, et le dessous du corps blanc.

En comparant la description de la pie des Antilles du P. du Tertre avec celle de la pie des Indes à longue queue d’Aldrovande, on ne peut douter qu’elles n’aient été faites l’une et l’autre d’après un oiseau de la même espèce, et par conséquent que ce ne soit un oiseau d’Amérique, comme l’assure le P. du Tertre, qui l’a observé à la Guadeloupe, et non pas un oiseau du Japon, comme le dit Aldrovande, d’après une tradition fort incertaine[2] ; à moins qu’on ne veuille supposer qu’il s’est répandu du côté du nord, d’où il aura pu passer d’un continent à l’autre.

IV.L’HOCISANA[3].

Quoique Fernandez donne à cet oiseau le nom de grand étourneau[NdÉ 1], cependant on peut le rapporter, d’après ce qu’il dit lui-même, au genre des pies, car il assure qu’il serait exactement semblable au choucas ordinaire, s’il était moins gros, qu’il eût la queue et les ongles moins longs, et le plumage d’un noir plus franc et sans mélange de bleu. Or la longue queue est un attribut non de l’étourneau, mais de la pie, et celui par lequel elle diffère le plus à l’extérieur du choucas ; et quant aux autres caractères, par lesquels l’hocisana s’éloigne du choucas, ils sont d’autant ou plus étrangers à l’étourneau qu’à la pie.

  1. Je ne parle point d’une singularité que lui attribue Aldrovande, c’est de n’avoir que huit pennes à la queue ; mais ce naturaliste ne les avait comptées que sur la figure coloriée, et l’on sent combien cette manière de juger est équivoque et sujette à l’erreur. Il est vrai que le P. du Tertre dit la même chose, mais il est encore plus vraisemblable qu’il le répète d’après Aldrovande dont il connaissait bien l’Ornithologie, puisqu’il la cite à la page suivante : d’ailleurs, il avait coutume de faire ses descriptions de mémoire, et la mémoire a besoin d’être aidée (voyez p. 369 de ce vol.) ; enfin, sa description de la pie des Antilles est peut-être la seule où il soit fait mention du nombre des pennes de la queue.
  2. « Speciosissimam hanc avem Japonensium rex summo Pontifici, pro singulari munere, ante aliquot annos transmisit, ut ex marchione Facchinetto, qui eas Innocentio nono… patruo suo acceptas referebat, intellexi. » Aldrovand., loco citato.
  3. Voyez Fernandez, cap. xxxiii. Le nom mexicain est hocitzanatl. Cet oiseau s’appelle encore caxcaxtototl dans le pays. C’est la grande pie du Mexique de M. Brisson, t. II, p. 43.
  1. Corvus mexicanus L. — Cette espèce est fort douteuse. D’après Cuvier, « le Corvus mexicanus est probablement un Cassique ou un Tisserin ». [Note de Wikisource : On l’identifie actuellement au Quiscalus mexicanus Gmelin, vulgairement quiscale à longue queue ; voyez la note au no VI. Les quiscales ne sont pas apparentés aux corvidés.]