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lieu que nous avons vu dans les quadrupèdes des exemples de toutes les situations[1] : seulement il y a des espèces, comme celle de la poule, où la femelle s’abaisse en pliant les jambes, et d’autres, comme celle du moineau, où elle ne change rien à sa position ordinaire, et demeure droite sur ses pieds[2]. Dans tous, le temps de l’accouplement est très court, et plus court encore dans ceux qui se tiennent debout que dans ceux qui s’abaissent. La forme extérieure[3] et la structure intérieure des parties de la génération sont fort différentes de celles des quadrupèdes ; et la grandeur, la position, le nombre, l’action et le mouvement de ces parties varient même beaucoup dans les diverses espèces d’oiseaux[4]. Aussi paraît-il qu’il y a intromission réelle dans les uns, et qu’il ne peut y avoir dans les autres qu’une forte compression, ou même un simple attouchement ; mais nous réservons ces détails, ainsi que plusieurs autres, pour l’histoire particulière de chaque genre d’oiseau.

En rassemblant sous un seul point de vue les idées et les faits que nous venons d’exposer, nous trouverons que le sens intérieur, le sensorium de l’oiseau, est principalement rempli d’images produites par le sens de la vue ; que ces images sont superficielles, mais très étendues, et la plupart relatives au mouvement, aux distances, aux espaces ; que, voyant une province entière aussi aisément que nous voyons notre horizon, il porte dans son cerveau une carte géographique des lieux qu’il a vus ; que la facilité

  1. La femelle du chameau s’accroupit ; celle de l’éléphant se renverse sur le dos. Les hérissons s’accouplent face à face, debout ou couchés ; et les singes de toutes les façons.
  2. « Coitus avibus duobus modis, fœmina humi considente, ut in gallinâ, aut stante, ut in gruibus ; et quæ ita cœunt rem quam celerrime peragunt ut passeres. » Aristot. Hist. anim., lib. v, cap. ii.
  3. La plupart des oiseaux ont deux verges ou une verge fourchue, et c’est par l’anus que sort cette double verge pour s’étendre au dehors. Dans quelques espèces, cette partie est d’une grandeur très remarquable, et dans d’autres elle est à peine sensible. La femelle n’a pas, comme dans les quadrupèdes, l’orifice de la vulve au-dessous de l’anus, elle le porte au-dessus ; elle n’a point de matrice comme les quadrupèdes, mais de simples ovaires, etc.[NdÉ 1].
  4. Voyez, sur cela, l’Histoire de l’Académie des Sciences, année 1715, p. 11. — Les Mémoires pour servir à l’Histoire des animaux, partie i, p. 230 ; partie ii, p. 108, 134, 164 ; partie iii, p. 71. — La Collection Académique, partie étrangère, t. IV, p. 520, 522, 525 ; et t. V, p. 489.
  1. Les organes de la reproduction des oiseaux sont relativement peu compliqués dans leur structure. Chez le mâle, il existe une paire de testicules logés dans l’abdomen et destinés à produire les spermatozoïdes. De chaque testicule part un canal déférent qui vient déboucher dans un cloaque qui reçoit aussi les canaux évacuateurs de l’urine (urèthres) et le rectum. Dans quelques oiseaux, les canaux déférents se dilatent, au-dessus du cloaque, en vésicules séminales dans lesquelles s’accumule le sperme pendant l’intervalle de deux coïts. Il n’existe pas habituellement d’organe de copulation. Le mâle se borne à appliquer l’orifice de son cloaque ou anus contre l’orifice du cloaque de la femelle, dans lequel passent alors les spermatozoïdes. Chez la cigogne, il existe, sur la paroi antérieure du cloaque, un petit mamelon qui représente un pénis rudimentaire. Chez le canard, l’oie, le cygne, il existe un véritable pénis constitué par un tube recourbé. Chez ces oiseaux, il se produit une véritable copulation.