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d’oiseau, dont celui représenté fig. 2 est le mâle, et celui fig. 1 la femelle. Il paraît aussi qu’on doit y rapporter le picuipinima de Pison et de Marcgrave[1], et la petite tourterelle d’Acapulco, dont parle Gemelli Careri[2]. Ainsi cet oiseau se trouve dans toutes les parties méridionales du nouveau continent.


LE CRAVE OU LE CORACIAS

Quelques auteurs ont confondu cet oiseau[NdÉ 1] avec le choquard, appelé communément choucas des Alpes ; cependant il en diffère d’une manière assez marquée par ses proportions totales et par les dimensions, la forme et la couleur de son bec, qu’il a plus long, plus menu, plus arqué et de couleur rouge ; il a aussi la queue plus courte, les ailes plus longues, et, par une conséquence naturelle, le vol plus élevé ; enfin, ses yeux sont entourés d’un petit cercle rouge.

Il est vrai que le crave ou coracias se rapproche du choquard par la couleur et par quelques-unes de ses habitudes naturelles. Ils ont tous deux le plumage noir avec des reflets verts, bleus, pourpres, qui jouent admirablement sur ce fond obscur ; tous deux se plaisent sur le sommet des plus hautes montagnes, et descendent rarement dans la plaine, avec cette différence néanmoins que le premier paraît beaucoup plus répandu que le second.

Le coracias est un oiseau d’une taille élégante, d’un naturel vif, inquiet, turbulent, et qui cependant se prive à un certain point. Dans les commencements on le nourrit d’une espèce de pâtée faite avec du lait, du pain, des grains, etc., et dans la suite il s’accommode de tous les mets qui se servent sur nos tables.

Aldrovande en a vu un à Bologne, en Italie, qui avait la singulière habitude de casser les carreaux de vitres de dehors en dedans, comme pour entrer dans les maisons par la fenêtre[3], habitude qui tenait sans doute au même instinct qui porte les corneilles, les pies et les choucas à s’attacher aux pièces de métal et à tout ce qui est luisant ; car le coracias est attiré, comme ces oiseaux, par ce qui brille, et, comme eux, cherche à se l’approprier. On l’a vu même enlever du foyer de la cheminée des morceaux de

  1. « Picuipinima. » Pison, Hist. nat., p. 86. — « Picuipinima Brasiliensibus. » Marcgrave, Hist. nat. Brasil., p. 204.
  2. Aux environs d’Acapulco on voit des tourterelles plus petites que les nôtres avec la pointe des ailes coloriée, qui volent jusque dans les maisons. Gemelli Careri, t. VI, p. 9.
  3. Voyez l’Ornithologie d’Aldrovande, t. Ier, p. 766 ; et celle de Brisson, t. II, p. 3.
  1. Upupa pyrrhocorax L. [Note de Wikisource : actuellement Pyrrhocorax pyrrhocorax Linnæus, vulgairement crave à bec rouge].