dans les pays froids et ne restent que pendant l’été dans nos pays tempérés : ils arrivent par troupes en Bourgogne, en Champagne et dans les autres provinces septentrionales de la France, vers la fin de février et au commencement de mars ; ils s’établissent dans les bois, y nichent dans des creux d’arbres, pondent deux ou trois œufs au printemps, et vraisemblablement font une seconde ponte en été ; et à chaque ponte ils n’élèvent que deux petits, et s’en retournent dans le mois de novembre ; ils prennent leur route du côté du midi, et se rendent probablement en Afrique par l’Espagne pour y passer l’hiver[NdÉ 1].
Le biset ou pigeon sauvage, et l’oenas ou le pigeon déserteur qui retourne à l’état de sauvage, se perchent, et par cette habitude se distinguent du pigeon de muraille, qui déserte aussi nos colombiers, mais qui semble craindre de retourner dans les bois, et ne se perche jamais sur les arbres. Après ces trois pigeons, dont les deux derniers sont plus ou moins près de l’état de nature, vient le pigeon de nos colombiers, qui, comme nous l’avons dit, n’est qu’à demi domestique, et retient encore de son premier instinct l’habitude de voler en troupe : s’il a perdu le courage intérieur, d’où dépend le sentiment de l’indépendance, il a acquis d’autres qualités qui, quoique moins nobles, paraissent plus agréables par leurs effets. Ils produisent souvent trois fois l’année, et les pigeons de volière produisent jusqu’à dix et douze fois, au lieu que le biset ne produit qu’une ou deux fois tout au plus : combien de plaisirs de plus suppose cette différence, surtout dans une espèce qui semble les goûter dans toutes leurs nuances et en jouir plus pleinement qu’aucune autre ! Ils pondent à deux jours de distance presque toujours deux œufs, rarement trois, et n’élèvent presque jamais que deux petits, dont
font voler en troupes tout le long du jour après les pigeons sauvages ; ils les mettent parmi eux dans leur troupe et les amènent ainsi au colombier. Voyage de Chardin, t. II, p. 29 et 30 ; voyez aussi Tavernier, t. II, p. 22 et 23. — Les pigeons de l’île Rodrigue sont un peu plus petits que les nôtres, tous de couleur d’ardoise, et toujours fort gras et fort bons ; ils perchent et nichent sur les arbres, et on les prend très aisément. Voyage de Leguat, t. Ier, p. 106.
- ↑ « On admettait autrefois, dit Brehm, que le Pigeon de roche habitait toute l’Europe, la plus grande partie de l’Asie et le nord de l’Afrique. Aujourd’hui, l’on distingue, et avec raison, deux espèces au moins : le Biset ou Pigeon de roche, qui habite le Nord, et la Colombe, ou Pigeon de montagne (Columba glauconotos, comme l’a appelé mon père, Columba intermedia de Strickland), qui vit dans le Sud. Dans le midi de l’Europe, les aires de dispersion de ces deux espèces semblent se confondre ; dans la Sierra-Nevada, j’ai rencontré l’une et l’autre. En Égypte, le Columba glauconotos prédomine ; c’est la seule espèce que l’on trouve aux Indes, au dire de Jerdon. » Brehm ajoute, du reste, qu’au point de vue des mœurs, de l’habitat et de la manière de vivre, le Pigeon de montagne et le Pigeon de roche se ressemblent entièrement. Ils habitent l’un et l’autre les rochers et les vieux murs, jamais les arbres. On ne les trouve également d’habitude que sur les côtes ; ils sont très rares dans l’intérieur des terres. Ils sont communs aux îles Feroë, aux îles Canaries, où ils habitent non seulement les côtes, mais encore les cavernes des montagnes. En Égypte, Brehm en a vu près des cataractes du Nil. Dans l’Inde, ils sont très répandus. Le Pigeon de montagne est sédentaire dans le Sud, mais dans le Nord il émigre ; à l’approche de l’hiver, par bandes composées d’un très grand nombre d’individus. [Note de Wikisource : Aujourd’hui on considère que ce sont là deux sous-espèces : Columba livia livia Gmelin et Columba livia intermedia Strickland.]