une grande caisse, au milieu d’un cercle qui était tracé sur le fond, l’homme lui frappait la tête ou le bec avec un seul doigt, ou bien lui arrachait quelques plumes ; si la caille, en se défendant, ne sortait point du cercle tracé, c’était son maître qui gagnait la gageure ; mais si elle mettait un pied hors de la circonférence, c’était son digne adversaire qui était déclaré vainqueur, et les cailles qui avaient été souvent victorieuses se vendaient fort cher[1]. Il est à remarquer que ces oiseaux, de même que les perdrix et plusieurs autres, ne se battent ainsi que contre ceux de leur espèce, ce qui suppose plus de jalousie que de courage, ou même de colère.
On juge bien qu’avec l’habitude de changer de climat et de s’aider du vent pour faire ses grandes traversées, la caille doit être un oiseau fort répandu ; et en effet, on la trouve au cap de Bonne-Espérance[2] et dans toute l’Afrique habitable[3], en Espagne, en Italie[4], en France, en Suisse[5], dans les Pays-Bas[6] et en Allemagne[7], en Angleterre[8], en Écosse[9], en Suède[10], et jusqu’en Islande[11] et du côté de l’Est, en Pologne[12], en Russie[13], en Tartarie[14], et jusqu’à la Chine[15] ; il est même très probable qu’elle a pu passer en Amérique, puisqu’elle se répand chaque année assez près des cercles polaires, qui sont les points où les deux continents se rapprochent le plus ; et, en effet, on en trouve dans les îles Malouines, comme nous le dirons plus bas ; en général, on en voit toujours plus sur les côtes de la mer et aux environs, que dans l’intérieur des terres.
La caille se trouve donc partout, et partout on la regarde comme un fort bon gibier dont la chair est de bon goût, et aussi saine que peut l’être une chair aussi grasse. Aldrovande nous apprend même qu’on en fait fondre la graisse à part et qu’on la garde pour servir d’assaisonnement[16] ; et nous
- ↑ Voyez Jul. Pollux, de Ludis, lib. ix.
- ↑ Voyez Kolbe, t. Ier, p. 152.
- ↑ Voyez Fl. Joseph., lib. iii, cap. i ; Comestor, etc.
- ↑ Voyez Aldrovande.
- ↑ Stumpfius, Aldrovandi Ornithologia, t. II, p. 157.
- ↑ Aldrovande, ibidem.
- ↑ Frisch, planche cxvii.
- ↑ British Zoology, p. 87.
- ↑ Sibbaldus, Historiæ animalium in Scotiâ, p. 16.
- ↑ Fauna suecica, p. 64.
- ↑ Horrebow, Nouvelle description d’Islande.
- ↑ Rzaczynski, Auctuarium Poloniæ, p. 376.
- ↑ « In campis russicis et podolicis reperiuntur coturnices… » Martin Cramer, de Polonia ; et Rzaczynski, loco citato.
- ↑ Gerbillon, Voyages faits en Tartarie à la suite ou par ordre de l’empereur de la Chine. Voyez l’Histoire générale des voyages, t. VII, p. 465 et 505.
- ↑ Voyez Glanures d’Edwards, t. Ier, p. 78. Les Chinois, dit-il, ont aussi notre caille commune dans leur pays, comme il paraît visiblement par leurs tableaux, où l’on retrouve son portrait d’après nature.
- ↑ Voyez Aldrovande, Ornithologia, t. II, p. 172.