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LA CAILLE[1]


Théophraste trouvait une si grande ressemblance entre les perdrix et les cailles[NdÉ 1] qu’il donnait à ces dernières le nom de perdrix naines ; et c’est sans doute par une suite de cette méprise, ou par une erreur semblable, que les Portugais ont appelé la perdrix codornix, et que les Italiens ont appliqué le non de coturnice à la bartavelle ou perdrix grecque. Il est vrai que les perdrix et les cailles ont beaucoup de rapports entre elles : les unes et les autres sont des oiseaux pulvérateurs, à ailes et queue courtes et courant fort vite[2], à bec de gallinacés, à plumage gris moucheté de brun et quelquefois tout blanc[3] ; du reste, se nourrissant, s’accouplant, construisant leur nid, couvant leurs œufs, menant leurs petits à peu près de la même manière, et toutes deux ayant le tempérament fort lascif et les mâles une grande disposition à se battre ; mais quelque nombreux que soient ces rapports, ils se trouvent balancés par un nombre presque égal de dissemblances, qui font de l’espèce des cailles une espèce tout à fait séparée de celle des perdrix.

  1. Frisch prétend (planche cxvii) que du temps de Charlemagne on lui donnait le nom de quacara ; quelques-uns lui ont aussi donné celui de currelius, et j’en dirai plus bas la raison : quoi qu’il en soit, ces deux noms ont été omis par M. Brisson.
  2. « Currit satis velociter, unde currelium vulgò dicimus. » Comestor et alii.
  3. Aristote, lib. de Coloribus, cap. vi.
  1. Les Cailles (Coturnix) sont des Gallinacés de la famille des Tétraonidés et de la sous-famille des Perdiciens. Elles ont le corps assez massif ; le bec petit ; les ailes un peu obtuses, avec les deuxième, troisième et quatrième rémiges plus longues que les autres ; la queue courte, arrondie, composée de douze pennes molles ; les tarses faibles ; les ongles couds et grêles.

    « La caille commune (Coturnix communis [Note de Wikisource : actuellement Coturnix coturnix Linnæus, vulgairement caille des blés]) a le dos brun, rayé transversalement et longitudinalement de jaune roux ; la tête de même couleur, mais plus foncée ; la gorge brun roux ; le jabot jaune roux ; le milieu du ventre blanc jaunâtre ; les flancs roux, à raies longitudinales jaune clair ; une ligne d’un brun jaune clair part de la racine de la mandibule supérieure, passe au-dessus de l’œil, descend sur les côtés du cou et entoure la gorge ; là elle est limitée, de chaque côté, par une ligne étroite d’un brun foncé ; les rémiges primaires sont d’un brun noirâtre, semées de taches d’un jaune roussâtre disposées en séries transversales ; la première rémige est bordée en dehors d’un liséré étroit, jaunâtre ; les rectrices sont d’un jaune roux, avec les tiges blanches et des bandes noires.

    » La femelle a des couleurs plus pâles, moins nettes ; la gorge est moins dessinée. L’œil est d’un rouge brun clair ; le bec gris de corne ; les pattes sont d’un jaune clair ou rougeâtre. La caille a 21 centimètres de long et 30 centimètres d’envergure ; la longueur de l’aile est de 11 centimètres, celle de la queue de 5. » (Brehm.)