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LES PERDRIX ROUGES

LA BARTAVELLE OU PERDRIX GRECQUE

C’est aux perdrix rouges[NdÉ 1], et principalement à la bartavelle[NdÉ 2], que doit se rapporter tout ce que les anciens ont dit de la perdrix. Aristote devait mieux connaître la perdrix grecque qu’aucune autre, et ne pouvait guère connaître que des perdrix rouges, puisque ce sont les seules qui se trouvent dans la Grèce, dans les îles de la Méditerranée[1], et, selon toute apparence, dans la partie de l’Asie conquise par Alexandre, laquelle est à peu près située sous le même climat que la Grèce et la Méditerranée[2], et qui était probablement celle où Aristote avait ses principales correspondances. À l’égard des naturalistes qui sont venus depuis, tels que Pline, Athénée, etc., on voit assez clairement que, quoiqu’ils connussent en Italie des perdrix autres que des rouges[3], ils se sont contentés de copier ce que Aristote avait dit des perdrix rouges. Il est vrai que ce dernier reconnaît une différence

  1. Voyez Belon, Nature des oiseaux, p. 257.
  2. Il paraît que la perdrix des pays habités ou connus par les Juifs (depuis l’Égypte jusqu’à Babylone) était la perdrix rouge, ou du moins n’était pas la grise, puisqu’elle se tenait sur les montagnes. « Sicut persequitur perdix in montibus. » Reg., lib. i, cap. xxvi.
  3. « Perdicum in Italiâ genus alterum est, corpore minus, colore obscurius, rostro non cinnabarino. » Athen.
  1. Les perdrix rouges constituent seules, pour la plupart des ornithologistes modernes, l’ancien genre Perdix [Note de Wikisource : actuellement plutôt le genre Alectoris, le genre Perdix regroupant en particulièrement les perdrix grises]. Ce sont des Gallinacés de la famille des Tétraonidés et de la sous-famille des Perdiciens. Elles ont le corps court et massif, le cou court, la tête relativement assez grosse, les ailes obtuses, avec les troisième et quatrième rémiges plus longues que les autres ; la queue longue, formée de douze à seize pennes complètement recouvertes par les sous-caudales ; le bec fort, mais allongé ; les pattes armées, chez le mâle, d’ergots moussus ou d’un tubercule corné ; le plumage abondant, serré, coloré sur le dos en gris rougeâtre ou ardoisé, et en rouge plus vif sur le devant du cou, la poitrine et les flancs. Ce sont des oiseaux monogames, vivant en société, répandus dans le sud de l’Europe, l’ouest et le centre de l’Asie, le nord et l’ouest de l’Afrique.
  2. Perdix græca Briss. (Perdix saxatilis Mey.) [Note de Wikisource : actuellement Alectoris graeca Meisner, vulgairement perdrix bartavelle]. Cette espèce est actuellement commune en Grèce, en Turquie, en Asie Mineure, en Arabie ; on la trouve dans les Alpes, dans la haute Autriche, la haute Bavière, le Tyrol, la Suisse, la France et l’Italie. Elle existe encore en Afrique, dans les montagnes qui s’élèvent entre le Nil et la mer Rouge ; elle est représentée dans l’Indo-Chine, le sud de la Chine et l’Inde par une variété dont quelques auteurs ont fait une espèce distincte.

    La Perdrix grecque a « le dos et la poitrine gris bleu, à reflets rougeâtres, la gorge blanche, entourée d’une bande noire ; une bande noire sur le front ; une tache noire au menton ; les plumes des flancs alternativement rayées de roux, de jaunâtre et de noir ; le ventre jaune roux ; les rémiges d’un brun noir avec la tige blanc jaunâtre et les barbes internes rayées de jaune roux ; les rectrices externes d’un rouge roux ; l’œil brun roux ; le bec rouge corail ; les pattes rouge pâle. Elle a de 36 à 39 centimètres de long, et de 52 à 55 centimètres d’envergure ; la longueur de l’aile est de 17 centimètres, celle de la queue de 11. La femelle est plus petite. » (Brehm.)