Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/499

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les perdreaux gris sont beaucoup moins délicats à élever que les rouges et moins sujets aux maladies, au moins dans notre pays, ce qui ferait croire que c’est leur climat naturel. Il n’est pas même nécessaire de leur donner des œufs de fourmis, et l’on peut les nourrir, comme les poulets ordinaires, avec la mie de pain, les œufs durs, etc. Lorsqu’ils sont assez forts et qu’ils commencent à trouver par eux-mêmes leur subsistance, on les lâche dans l’endroit même où on les a élevés, et dont, comme je l’ai dit, ils ne s’éloignent jamais beaucoup.

La chair de la perdrix grise est connue depuis très longtemps pour être une nourriture exquise et salutaire ; elle a deux bonnes qualités qui sont rarement réunies, c’est d’être succulente sans être grasse. Ces oiseaux ont vingt-deux pennes à chaque aile, et dix-huit à la queue, dont les quatre du milieu sont de la couleur du dos[1].

Les ouvertures des narines, qui se trouvent à la base du bec, sont plus qu’à demi recouvertes par un opercule de même couleur que le bec, mais d’une substance plus molle, comme dans les poules. L’espace sans plumes qui est entre l’œil et l’oreille est d’un rouge plus vif dans le mâle que dans la femelle.

Le tube intestinal a environ deux pieds et demi de long, les deux cæcums cinq à six pouces chacun. Le jabot est fort petit[2], et le gésier se trouve plein de graviers mêlés avec la nourriture, comme c’est l’ordinaire dans les granivores.


LA PERDRIX GRISE BLANCHE

Cette perdrix[3] a été connue d’Aristote[4] et observée par Scaliger[5], puisque tous deux parlent de perdrix blanche[NdÉ 1], et on ne peut point soup-

  1. Willughby, p. 120.
  2. « Ingluvies ampla », dit Willughby. p. 120 ; mais les perdrix que j’ai fait ouvrir l’avaient fort petit.
  3. Voyez Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 223.
  4. « Jam enim perdix visa est alba, et corvus, et passer. » Aristote, de Generatione animalium, lib. v, cap. vi.
  5. Scaliger, Exercitat. in Cardanum, Exercit. 59. « Perdices albas ut lepores citavimus. »

    heures, elle courait à lui, le tirait par ses habits ; quand il sortait elle l’accompagnait jusqu’à la porte, s’élançait contre celle-ci, criait, revenait inquiète ; pendant un quart d’heure elle était inconsolable, et quand on croyait que tout était oublié, elle recommençait ses plaintes, écoutait tous les pas, était attentive au grincement de la porte ; et dès qu’elle avait reconnu que son ami approchait, elle s’élançait joyeuse vers la porte pour le recevoir. Un jour qu’elle se roulait dans le sable, elle entendit l’enfant pleurer ; aussitôt elle se précipita vers lui, lui sauta sur le bras, le regarda en agitant la tête et en poussant un cri très doux, tak, dans l’intention évidente de le consoler. Cet attachement était né sans aucune provocation de la part de l’enfant. » (Brehm.)

  1. La Perdrix grise blanche de Buffon n’est qu’une simple variété de la perdrix grise (Starna cinerea ). [Note de Wikisource : Il s’agit en effet d’une variété de la perdrix grise, probablement Perdix perdix canescens Buturlin.]