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LES PERDRIX


Les espèces les plus généralement connues sont souvent celles dont l’histoire est le plus difficile à débrouiller, parce que ce sont celles auxquelles chacun rapporte naturellement les espèces inconnues qui se présentent la première fois, pour peu qu’on y aperçoive quelques traits de conformité, et sans faire beaucoup d’attention aux traits de dissemblance souvent plus nombreux ; en sorte que de ce bizarre assemblage d’êtres qui se rapprochent par quelques rapports superficiels, mais qui se repoussent par des différences plus considérables, il ne peut résulter qu’un chaos de contradictions d’autant plus révoltantes que l’on citera plus de faits particuliers de l’histoire de chacun, la plupart de ces faits étant contraires entre eux, et d’une absurde incompatibilité lorsqu’on veut les appliquer à une seule espèce, ou même à un seul genre : nous avons vu plus d’un exemple de cet inconvénient dans les articles que nous avons traités ci-dessus, et il y a grande apparence que celui qui va nous fournir l’article de la perdrix ne sera pas le dernier.

Je prends pour base de ce que j’ai à dire des perdrix, et pour première espèce de ce genre, celle de notre perdrix grise, comme étant la plus connue, et par conséquent la plus propre à servir d’objet de comparaison pour bien juger de tous les autres oiseaux dont on a voulu faire des perdrix ; j’y reconnais une variété et trois races constantes.

Je regarde comme races constantes : 1o la perdrix grise ordinaire, et comme variété de cette race celle que M. Brisson appelle perdrix grise blanche[1] ; 2o la perdrix de Damas, non celle de Belon[2], qui est une gelinotte, mais celle d’Aldrovande[3], qui est plus petite que notre perdrix grise, et qui me paraît être la même que la petite perdrix de passage qui est bien connue de nos chasseurs ; 3o la perdrix de montagne, qui semble faire la nuance entre les perdrix grises et les rouges.

J’admets pour seconde espèce celle de la perdrix rouge, dans laquelle je reconnais deux races constantes répandues en France, une variété et deux races étrangères.

  1. Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 223.
  2. Belon, Nature des oiseaux, p. 258.
  3. Aldrovande, Ornithologia, t. II, p. 143.