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guan de M. Edwards (pl. xiii), dans la grosseur, la couleur du plumage, la forme totale, à la huppe près, que la femelle ne doit point avoir, dans le port du corps, la longueur de la queue, le cercle de peau rousse autour des yeux[1], l’espace rouge et nu sous la gorge, la conformation des pieds et du bec, etc. J’avoue que j’y ai aussi aperçu quelques différences : les pennes de la queue sont en tuyaux d’orgue comme dans le faisan, et non point toutes égales comme dans le guan d’Edwards, et les ouvertures des narines ne sont pas si près de l’origine du bec ; mais on ne serait pas embarrassé de citer nombre d’espèces où la femelle diffère encore plus du mâle, et où il y a des variétés encore plus éloignées les unes des autres.

M. Aublet, qui a vu cet oiseau dans son pays natal, m’assure qu’il s’apprivoise très aisément, et que sa chair est délicate et meilleure que celle du faisan, en ce qu’elle est plus succulente : il ajoute que c’est un véritable dindon, mais seulement plus petit que celui qui s’est naturalisé en Europe, et c’est un trait de conformité de plus qu’il a avec l’yacou d’avoir été pris pour un dindon.

Cet oiseau se trouve non seulement à Cayenne, mais encore dans les pays qu’arrose la rivière des Amazones, du moins à en juger par l’identité de nom ; car M. Barrère parle d’un marail des Amazones comme d’un oiseau dont le plumage est noir, le bec vert, et qui n’a point de queue[2]. Nous avons déjà vu, dans l’histoire du hocco proprement dit et du pierre de Cayenne, qu’il y avait dans ces espèces des individus sans queue, qu’on avait pris pour des femelles : cela serait-il vrai aussi des marails ? Sur la plupart de ces oiseaux et si peu connus, on ne peut, si l’on est de bonne foi, parler qu’en hésitant et par conjectures.

VI.LE CARACARA.

J’appelle ainsi[NdÉ 1], d’après son propre cri, ce bel oiseau des Antilles dont le P. du Tertre a donné la description[3]. Si tous les oiseaux d’Amérique qui ont été pris pour des faisans doivent se rapporter aux hoccos, le caracara doit avoir place parmi ces derniers, car les Français des Antilles, et d’après eux le P. du Tertre, lui ont donné le nom de faisan : « Ce faisan, dit-il, est

  1. Cette peau nue est bleue dans l’yacou et rouge dans le marail ; mais nous avons déjà observé la même variation de couleur d’un sexe à l’autre dans les membranes charnues de la peintade.
  2. « Phasianus, niger, aburus, viridi rostro. » France équin., p. 139. Je crois que cet auteur a entendu par le mot latin barbare, aburus, sans queue ; ou qu’il aura écrit aburus au lieu de abrutus, qui, comme erutus, pourrait signifier arraché, tronqué.
  3. Le P. du Tertre, Histoire générale des Antilles, t. II, traité v, § viii.
  1. D’après Cuvier, « le Caracara de Buffon et de du Tertre est l’Agami (Psophia crepitans Linn.) » [Note de Wikisource : cet oiseau n’appartient pas au même ordre que les hoccos ; il actuellement nommé Psophia crepitans Linnæus, vulgairement agami trompette.]