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se tient communément dans les grandes forêts, perché sur les arbres le long des eaux, pour guetter et surprendre ces reptiles. Il se trouve dans les contrées les plus chaudes du Mexique : Hernandez ajoute qu’il paraît en automne, ce qui ferait soupçonner que c’est un oiseau de passage[1].

M. Aublet m’assure que cet oiseau, qu’il a reconnu facilement sur notre planche enluminée, no 337, s’apprivoise, qu’on en voit parfois de domestiques chez les Indiens, et que les Français les appellent des paons : ils nourrissent leurs petits de fourmis, de vers et d’autres insectes.

IV.L’YACOU.

Cet oiseau[NdÉ 1] s’est nommé lui-même ; car son cri, selon Marcgrave, est yacou, d’où lui est venu le nom d’iacupema : pour moi, j’ai préféré celui d’yacou, comme plus propre à le faire reconnaître toutes les fois qu’on pourra le voir et l’entendre.

Marcgrave est le premier qui ait parlé de cet oiseau[2] : quelques naturalistes, d’après lui, l’ont mis au nombre des faisans[3] ; et d’autres, tels que MM. Brisson[4] et Edwards[5], l’ont rangé parmi les dindons ; mais il n’est ni l’un ni l’autre. Il n’est point un dindon, quoiqu’il ait une peau rouge sous le cou, car il en diffère à beaucoup d’autres égards : et par sa taille, qui est à peine égale à celle d’une poule ordinaire, et par sa tête, qui est en partie revêtue de plumes, et par sa huppe, qui approche beaucoup plus de celle des hoccos que de celle du dindon huppé, et par ses pieds, qui n’ont point d’éperons. D’ailleurs, on ne lui voit pas au bas du cou ce bouquet de crins durs, ni sur le bec cette caroncule musculeuse qu’a le coq d’Inde, et il ne fait point la roue en relevant les plumes de sa queue ; d’autre part, il n’est point un faisan, car il a le bec grêle et allongé, la huppe des hoccos, le cou menu, une membrane charnue sous la gorge, les pennes de la queue

  1. Voyez Hernandez, lib. ix, cap. x, p. 320. — Fernandez parle d’un autre oiseau auquel il donne le nom d’hoazin, quoique par son récit même il soit très différent de celui dont nous venons de parler ; car, outre qu’il est plus petit, son chant est fort agréable et ressemble quelquefois à l’éclat de rire d’un homme, et même à un rire moqueur ; et l’on mange sa chair, quoiqu’elle ne soit ni tendre ni de bon goût : au reste, c’est un oiseau qui ne s’apprivoise point. Voyez Hist. Avi. nov. Hisp., cap. lxi, p. 27.

    Je retrouverais bien plutôt l’hoazin dans un autre oiseau dont parle le même auteur au chapitre ccxxiii, p. 57, à la suite du pauxi ; voici ses termes : « Alia avis pauxi annectenda… Ciconiæ magnitudine, colore cinereo, cristâ octo uncias longâ e multis aggeratâ plumis… in amplitudinem orbicularum præcipue circa summum dilatatis. » Voilà bien la huppe de l’hoazin et sa taille.

  2. Voyez Marcgrave, Historia naturalis Brasil., lib. v, cap. v, p. 198.
  3. Klein, Ordo Avium, p. 114, no 2. — Ray, Synops. Avi., p. 56, etc.
  4. Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 162.
  5. Edwards, Hist. nat. des oiseaux rares, pl. xiii.
  1. Penelope cristata L. [Note de Wikisource : actuellement Penelope purpurascens Wagler, vulgairement pénélope panachée].