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II.LE PAUXI OU LE PIERRE.

Nous avons fait représenter cet oiseau[NdÉ 1] dans nos planches enluminées sous le nom de pierre de Cayenne ; et c’est en effet le nom qu’il portait à la ménagerie du Roi, où nous l’avons fait dessiner d’après le vivant : mais comme il porte dans son pays, qui est le Mexique, le nom de pauxi, selon Fernandez[1], nous avons cru devoir l’indiquer sous ces deux noms ; c’est le quatorzième faisan de M. Brisson, qu’il appelle hocco du Mexique.

Cet oiseau ressemble à plusieurs égards au hocco précédent, mais il en diffère aussi en plusieurs points : il n’a point, comme lui, la tête surmontée d’une huppe, le tubercule qu’il a sur le bec est plus gros, fait en forme de poire et de couleur bleue. Fernandez dit que ce tubercule a la dureté de la pierre, et je soupçonne que c’est de là qu’est venu au pauxi le nom d’oiseau à pierre, ensuite celui de pierre, comme il a pris le nom de cusco ou de cushew bird, et celui de poule numidique de ce même tubercule, à qui les uns ont trouvé de la ressemblance avec la noix d’Amérique appelée cusco ou cushew[2], et d’autres avec le casque de la peintade[3].

Quoiqu’il en soit, ce ne sont pas là les seules différences qui distinguent le pauxi des hoccos précédents : il est plus petit de taille, son bec est plus fort, plus courbé et presque autant que celui d’un perroquet ; d’ailleurs, il nous est beaucoup plus rarement apporté que le hocco ; M. Edwards, qui a vu ce dernier dans presque toutes les ménageries, n’a jamais rencontré qu’un seul cusco ou pauxi dans le cours de ses recherches[4].

Le beau noir de son plumage a des reflets bleus et couleur de pourpre, qui ne paraissent ni ne pourraient guère paraître dans la figure.

Cet oiseau se perche sur les arbres ; mais il pond à terre comme les faisans, mène ses petits et les rappelle de même : les petits vivent d’abord d’insectes, et ensuite, quand ils sont grands, de fruits, de grains et de tout ce qui convient à la volaille[5].

Le pauxi est aussi doux, et si l’on veut aussi stupide que les autres hoccos, car il se laissera tirer jusqu’à six coups de fusil sans se sauver : avec cela il ne se laisse ni prendre ni toucher, selon Fernandez[6] ; et M. Aublet

  1. Fernandez, Hist. Avi. nov. Hispaniæ, cap. ccxxii.
  2. Voyez Edwards, planche ccxxv.
  3. Voyez Aldrovande, Ornithologia, t. II, p. 234.
  4. Voyez Edwards, Histoire naturelle des oiseaux rares, pl. ccxcv.
  5. M. Aublet. — Fernandez, p. 56.
  6. Fernandez, ibidem.
  1. C’est le Crax Pauxi L. [Note de Wikisource : actuellement Pauxi pauxi Linnæus, vulgairement hocco à pierre]. Les ornithologistes modernes en ont fait le type d’un genre Pauxi qui se distingue du genre Crax par un bec beaucoup plus court, plus élevé, plus comprimé latéralement, surmonté au niveau de sa base par une callosité osseuse, piriforme, très volumineuse et obliquement dirigée en arrière ; par l’absence de huppe ; par des joues emplumées ; par une membrane qui recouvre de vastes fosses nasales.