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dance en Afrique, surtout sur la côte des Esclaves[1], la côte d’Or[2], la côte d’Ivoire, au pays d’Issini[3], et dans les royaumes de Congo et d’Angola[4], où les Nègres les appellent galignoles. On en trouve assez communément dans les différentes parties de l’Europe, en Espagne, en Italie, surtout dans la campagne de Rome, le Milanais[5] et quelques îles du golfe de Naples ; en Allemagne, en France, en Angleterre[6] : dans ces dernières contrées ils ne sont pas généralement répandus. Les auteurs de la Zoologie britannique assurent positivement que dans toute la Grande-Bretagne[7] on ne trouve aucun faisan dans l’état de sauvage. Sibbald s’accorde avec les zoologistes en disant qu’en Écosse quelques gentilshommes élèvent de ces oiseaux dans leurs maisons[8]. Boter dit encore plus formellement que l’Irlande n’a point de faisans[9]. M. Linnæus n’en fait aucune mention dans le dénombrement des oiseaux de Suède[10] ; ils étaient encore très rares en Silésie du temps de Schwenckfeld[11] : on ne faisait que commencer à en avoir en Prusse il y a vingt ans[12], quoique la Bohême en ait une très grande quantité[13] ; et, s’ils se sont multipliés en Saxe, ce n’a été que par les soins du duc Frédéric qui en lâcha deux cents dans le pays, avec défense de les prendre ou de les tuer[14]. Gesner, qui avait parcouru les montagnes de Suisse, assure n’y en avoir jamais vu[15] : il est vrai que Stumpfius assure, au contraire, qu’on en trouve dans ces mêmes montagnes ; mais cela peut se concilier, car il est fort possible qu’il s’en trouve en effet dans un certain canton que Gesner n’aurait point parcouru, tel, par exemple, que la partie qui confine au Milanais, où Olina dit qu’ils sont fort communs[16]. Il s’en faut bien qu’ils soient généralement répandus en France : on n’en voit que très rarement dans nos provinces septentrionales, et probablement on n’y en verrait point du tout si un oiseau de cette distinction ne devait être le principal ornement des plaisirs de nos rois ; mais ce n’est que

  1. Bosman, Description de la Guinée, p. 390.
  2. Villault de Bellefond, Relation des côtes d’Afrique. Londres, 1670, p. 270.
  3. Histoire générale des Voyages, t. III, p. 422, citant le P. Loyer.
  4. Pigafete, p. 92.
  5. Olina, Uccellaria, p. 49. — Aldrovande, Ornithologia, t. II, p. 50 et 51. « Hieme per sylvas vagari phasianos, et sæpius Coloniæ in horto suo inter salviam et rutam latitantem observasse se tradit Albertus. »
  6. History of Harwich, append., p. 397.
  7. British Zoology, p. 87.
  8. Prodromus Historiæ naturalis Scotiæ, part. ii, lib. iii, cap. iii, p. 16.
  9. Willughby, Ornithologia, p. 118.
  10. Voyez Linnæus, Fauna suecica.
  11. « Rarissima avis in Silesiâ nostrâ, nec nisi magnatibus familiaris, qui cum magno et singulari studio alere solent. » Schwenckfeld, Aviarium Silesiæ, p. 332.
  12. « Modo et in Prussiâ colitur. » Klein, Ordo Avium, p. 114.
  13. « In Bohemiâ magna eorum copia. » Ibidem.
  14. Aldrovande, Ornithologia, t. II, p. 51.
  15. Gesner, de Avibus.
  16. Olina, Uccellaria, p. 49.