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De chaque côté de la tête on voit un renflement formé par les petites plumes qui recouvrent le trou de l’oreille.

Les paons paraissent se caresser réciproquement avec le bec ; mais, en y regardant de plus près, j’ai reconnu qu’ils se grattaient les uns les autres autour de la tête, où ils ont des poux très vifs et très agiles ; on les voit courir sur la peau blanche qui entoure leurs yeux, et cela ne peut manquer de leur causer une sensation incommode ; aussi se prêtent-ils avec beaucoup de complaisance lorsqu’un autre les gratte.

Ces oiseaux se rendent les maîtres dans la basse-cour, et se font respecter de l’autre volaille, qui n’ose prendre sa pâture qu’après qu’ils ont fini leur repas : leur façon de manger est à peu près celle des gallinacés, ils saisissent le grain de la pointe du bec et l’avaient sans le broyer.

Pour boire ils plongent le bec dans l’eau, où ils font cinq ou six mouvements assez prompts de la mâchoire inférieure, puis, en se relevant et tenant leur tête dans une situation horizontale, ils avalent l’eau dont leur bouche s’était remplie sans faire aucun mouvement du bec.

Les aliments sont reçus dans l’œsophage, où l’on a observé un peu au-dessus de l’orifice antérieur de l’estomac un bulbe glanduleux, rempli de petits tuyaux qui donnent en abondance une liqueur limpide.

L’estomac est revêtu à l’extérieur d’un grand nombre de fibres motrices.

Dans un de ces oiseaux, qui a été disséqué par Gaspard Bartholin, il y avait bien deux conduits biliaires, mais il ne se trouva qu’un seul canal pancréatique, quoique d’ordinaire il y en ait deux dans les oiseaux.

Le cæcum était double, et dirigé d’arrière en avant ; il égalait en longueur tous les autres intestins ensemble, et les surpassait en capacité[1].

Le croupion est très gros, parce qu’il est chargé des muscles qui servent à redresser la queue et à l’épanouir.

Les excréments sont ordinairement moulés et chargés d’un peu de cette matière blanche qui se trouve sur les excréments de tous les gallinacés et de beaucoup d’autres oiseaux.

On m’asure qu’ils dorment, tantôt en cachant la tête sous l’aile, tantôt en faisant rentrer leur cou en eux-mêmes et ayant le bec au vent.

Les paons aiment la propreté, et c’est par cette raison qu’ils tâchent de recouvrir et d’enfouir leurs ordures, et non parce qu’ils envient à l’homme les avantages qu’il pourrait retirer de leurs excréments[2], qu’on dit être bons pour le mal des yeux, pour améliorer la terre, etc., mais dont apparemment ils ne connaissent pas toutes les propriétés.

Quoiqu’ils ne puissent pas voler beaucoup, ils aiment à grimper ; ils passent ordinairement la nuit sur les combles des maisons, où ils causent

  1. Voyez Acta Hafniensia, année 1673, observ. 114.
  2. « Fimum suum resorbere traduntur, invidentes hominum utilitatibus. » Plin., lib. xxix, cap. vi. C’est sur ce fondement qu’on impute au paon d’être envieux.