pas : ce sont bien là les habitudes de nos tétras d’Europe et leurs mœurs, quoiqu’un peu outrées.
La nourriture ordinaire de ceux de Pensylvanie sont les grains, les fruits, les raisins, et surtout les baies de lierre, ce qui est remarquable parce que ces baies sont un poison pour plusieurs animaux.
Ils ne couvent que deux fois l’année, apparemment au printemps et en automne, qui sont les deux saisons où le mâle bat des ailes ; ils font leurs nids à terre avec des feuilles, ou à côté d’un tronc sec couché par terre, ou au pied d’un arbre debout, ce qui dénote un oiseau pesant ; ils pondent de douze à seize œufs, et les couvent environ trois semaines ; la mère a fort à cœur la conservation de ses petits ; elle s’expose à tout pour les défendre, et cherche à attirer sur elle-même les dangers qui les menacent ; ses petits, de leur côté, savent se cacher très finement dans les feuilles ; mais tout cela n’empêche pas que les oiseaux de proie n’en détruisent beaucoup : la couvée forme une compagnie qui ne se divise qu’au printemps de l’année suivante.
Ces oiseaux sont fort sauvages, et rien ne peut les apprivoiser ; si on en fait couver par des poules ordinaires, ils s’échapperont et s’enfuiront dans les bois presque aussitôt qu’ils seront éclos.
Leur chair est blanche et très bonne à manger : serait-ce par cette raison que les oiseaux de proie leur donnent la chasse avec tant d’acharnement ? Nous avons déjà eu ce soupçon à l’occasion des tétras d’Europe ; s’il était confirmé par un nombre suffisant d’observations, il s’ensuivrait non seulement que la voracité n’exclut pas toujours un appétit de préférence, mais que l’oiseau de proie est à peu près de même goût que l’homme, et ce serait une analogie de plus entre les deux espèces.
III. — LA GELINOTTE À LONGUE QUEUE.
L’oiseau d’Amérique, qu’on peut appeler gelinotte à longue queue[NdÉ 1], dessiné et décrit par M. Edwards sous le nom de heath cock ou grouse, coq de bruyère de la baie d’Hudson, et qui me paraît être plus voisin des gelinottes que des coqs de bruyère, ou des faisans dont on lui a aussi donné le nom. Cette gelinotte à longue queue, représentée dans la planche cxvii de M. Edwards, est une femelle ; elle a la grosseur, la couleur et la longue queue du faisan ; le plumage du mâle est plus rembruni, plus lustré, et il a des reflets à l’endroit du cou ; ce mâle se tient aussi très droit, et il a la démarche fière : différences qui se retrouvent constamment entre le mâle et la femelle dans toutes les espèces qui appartiennent à ce genre d’oiseau. M. Edwards n’a pas osé donner des sourcils rouges à cette femelle, parce qu’il n’a vu que l’oiseau empaillé, sur lequel ce caractère n’était point assez
- ↑ Tetrao phasianellus Gmel. [Note de Wikisource : actuellement Tympanuchus phasianellus Linnæus, vulgairement tétras à queue fine].