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haut de la poitrine, une de chaque côté ; les plumes de ces touffes sont d’un beau noir, ayant sur leurs bords des reflets brillants qui jouent entre la couleur d’or et le vert ; l’oiseau peut relever, quand il veut, ces espèces de fausses ailes, qui, lorsqu’elles sont pliées, tombent de part et d’autre sur la partie supérieure des ailes véritables ; le bec, les doigts et les ongles sont d’un brun rougeâtre.

Cet oiseau, selon M. Edwards, est fort commun dans le Maryland et la Pensylvanie, où on lui donne le nom de faisan : cependant il a, par son naturel et ses habitudes, beaucoup plus d’affinité avec le tétras ou coq de bruyère ; il tient le milieu pour la grosseur entre le faisan et la perdrix ; ses pieds sont garnis de plumes, et ses doigts dentelés sur les bords comme ceux des tétras ; son bec est semblable à celui du coq ordinaire ; l’ouverture des narines est recouverte par de petites plumes qui naissent de la base du bec et se dirigent en avant ; tout le dessus du corps, compris la tête, la queue et les ailes, est émaillé de différentes couleurs brunes, plus ou moins claires, d’orangé et de noir ; la gorge est d’un orangé brillant, quoique un peu foncé ; l’estomac, le ventre et les cuisses ont des taches noires en forme de croissant, distribuées avec régularité sur un fond blanc ; il a sur la tête et autour, du cou de longues plumes, dont il peut, en les redressant à son gré, se former une huppe et une sorte de fraise, ce qu’il fait principalement lorsqu’il est en amour ; il relève en même temps les plumes de sa queue en faisant la roue, gonflant son jabot, traînant les ailes et accompagnant son action d’un bruit sourd et d’un bourdonnement semblable à celui du coq d’Inde ; et il a de plus, pour rappeler ses femelles, un battement d’ailes très singulier et assez fort pour se faire entendre à un demi-mille de distance par un temps calme ; il se plaît à cet exercice au printemps et en automne, qui sont le temps de sa chaleur, et il le répète tous les jours à des heures réglées, savoir, à neuf heures du matin et sur les quatre hures du soir, mais toujours étant posé sur un tronc sec : lorsqu’il commence, il met d’abord un intervalle d’environ deux secondes entre chaque battement, puis accélérant la vitesse par degrés, les coups se succèdent à la fin avec tant de rapidité qu’ils ne font plus qu’un bruit continu, semblable à celui d’un tambour, d’autres disent d’un tonnerre éloigné ; ce bruit dure environ une minute, et recommence par les mêmes gradations après sept ou huit minutes de repos ; tout ce bruit n’est qu’une invitation d’amour que le mâle adresse à ses femelles, que celles-ci entendent de loin, et qui devient l’annonce d’une génération nouvelle, mais qui ne devient aussi que trop souvent un signal de destruction ; car les chasseurs, avertis par ce bruit qui n’est point pour eux, s’approchent de l’oiseau sans en être aperçus et saisissent le moment de cette espèce de convulsion pour le tirer à coup sûr. Je dis sans en être aperçus, car, dès que cet oiseau voit un homme il s’arrête aussitôt, fût-il dans la plus grande violence de son mouvement, et il s’envole à trois ou quatre cents