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L’un et l’autre mangent des pignons de pin, des baies de genévrier, etc. On les trouve dans le nord de l’Amérique en très grande quantité, et on en fait des provisions aux approches de l’hiver ; la gelée les saisit et les conserve, et, à mesure qu’on en veut manger, on les fait dégeler dans l’eau froide.

II.LE COQ DE BRUYÈRE À FRAISE OU LA GROSSE GELINOTTE DE CANADA.

Je soupçonne encore ici un double emploi, et je suis bien tenté de croire que cette grosse gelinotte de Canada[NdÉ 1] que M. Brisson donne comme une espèce nouvelle et différente de sa gelinotte huppée de Pensylvanie, est néanmoins la même, c’est-à-dire la même aussi que celle du coq de bruyère à fraise de M. Edwards : il est vrai qu’en comparant cet oiseau en nature, ou même notre planche enluminée, avec celle de M. Edwards, no 248, il paraîtra au premier coup d’œil des différences très considérables entre ces deux oiseaux ; mais si l’on fait attention aux ressemblances, et en même temps aux différentes vues des dessinateurs, dont l’un, M. Edwards, a voulu représenter les plumes au-dessus des ailes et de la tête, relevées comme si l’oiseau était non seulement vivant, mais en action d’amour, et dont l’autre, M. Martinet, n’a dessiné cet oiseau que mort et sans plumes érigées ou redressées, la disconvenance des dessins se réduira à peu de chose, ou plutôt s’évanouira tout à fait par une présomption bien fondée, c’est que notre oiseau est la femelle de celui d’Edwards : d’ailleurs, cet habile naturaliste dit positivement qu’il ne fait que supposer la huppe à son oiseau, parce que, ayant les plumes du sommet de la tête plus longues que les autres, il présume qu’il peut les redresser à sa volonté, comme celles qui sont au-dessus de ses ailes. Et du reste, la grandeur, la figure, les mœurs et le climat étant ici les mêmes, je pense être fondé à présumer que la grosse gelinotte de Canada, la gelinotte huppée de Pensylvanie de M. Brisson, et le coq de bruyère à fraise de M. Edwards, ne font qu’une seule et même espèce, à laquelle on doit encore rapporter le coq de bois d’Amérique, décrit et représenté par Catesby[1].

Elle est un peu plus grosse que la gelinotte ordinaire, et lui ressemble par ses ailes courtes, et en ce que les plumes qui couvrent ses pieds ne descendent pas jusqu’aux doigts ; mais elle n’a ni sourcils rouges, ni cercles de cette couleur autour des yeux : ce qui la caractérise, ce sont deux touffes de plumes plus longues que les autres et recourbées en bas, qu’elle a au

  1. Catesby, Appendix, fig. 1.
  1. Tetrao umbellus et togatus Gmel. [Note de Wikisource : actuellement Bonasa umbellus Linnæus, vulgairement gélinotte huppée].